Le caractère illicite de telles activités ne fait pas de doute. D’ailleurs, lorsque l’Ecole Normale Supérieure avait interdit la tenue dans ses murs de l’édition 2011 de cette de la « semaine contre l’apartheid israélien », le Conseil d’état avait conforté la direction de l’établissement en considérant que « si les élèves de l’ENS ont droit à la liberté d’expression et de réunion dans l’enceinte de l’école, cette liberté ne saurait permettre des manifestations qui, par leur nature, iraient au-delà de la mission de l’école, perturberaient le déroulement des activités d’enseignement et de recherche, troubleraient le fonctionnement normal du service public ou risqueraient de porter atteinte à l’ordre public ». (Conseil d’état, Ordonnance de référé du 7 mars 2011).
Force est de constater que votre université rejoignait notre analyse, puisqu’en 2012 votre prédécesseur avait annulé cette manifestation au motif que celle-ci présentait un risque sérieux de trouble à l’ordre public. L’un des initiateurs était déjà Julien Salingue ; également invité d’honneur cette année.
Il est particulièrement regrettable que vous ayez décidé de revenir sur votre propre ligne de conduite dans ce contexte, où, depuis l’affaire Dieudonné, nul n’ignore que la détestation d’Israël est le paravent le plus communément utilisé pour exprimer la haine des juifs.
Enfin je vous rappelle que la promotion du boycott d’Israël notamment par des groupes tels que BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) a déjà été jugée comme étant constitutive du délit de provocation à la discrimination nationale, raciale ou religieuse envers des personnes ou groupes de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou non-appartenance à une race, une ethnie, une religion ou une nationalité.
En vertu de ce qui précède, je vous saurais gré de bien vouloir retirer l’autorisation de tenue des conférences des 26 février et 5 mars 2014 à l’université Paris 8. À défaut, je reprendrai ma liberté d’agir.
Dans l’attente de vous lire ou de vous entendre, je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’expression de notre respectueuse considération.
Roger Cukierman
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