C’est la devise qui orne le fronton de ce monument en forme de drôle de biberon, qui renferme depuis la Révolution française les dépouilles de grandes personnalités de l’Histoire de France.
Quatre nouvelles figures représentatives viennent donc d’être choisies par le Président de la République pour rejoindre prochainement les 73 personnalités qui y reposent déjà. Quatre résistants de la Seconde guerre mondiale. Deux femmes, Germaine Tillon et Geneviève De Gaulle. Deux hommes, Pierre Brossolette et Jean Zay.
Achevé en 1790, le Panthéon fut à l’origine conçu pour être une église dédiée à Sainte Geneviève, patronne de Paris, par le roi Louis XV s’il réchappait d’une grave maladie qui lui fît entrevoir le pire. Il en réchappât et honora sa promesse en faisant construire sur les hauteurs de la capitale, bien aux vues de tous, l’imposant monument. Très vite, les Révolutionnaires le transformèrent en temple républicain dont la vocation serait désormais d’honorer les grands hommes de la Patrie.
Le premier à y entrer fut d’ailleurs Mirabeau, deux jours seulement après sa mort – naturelle, il convient de le préciser vu la période – en 1791. Pas pour longtemps, puisque sa tombe sera profanée deux ans plus tard et ces restes jetés aux égouts quand on découvrit son attachement à une monarchie constitutionnelle dans des courriers qu’il avait bien imprudemment conservés.
Mirabeau fut suivi, la même année, par Voltaire, rejoint en 1794 par Rousseau avec qui il s’était tant querellé durant toute leur vie. Punition suprême.
C’est Napoléon Ier, toujours prompt à lever des armées, qui en prenant le pouvoir fournit au Panthéon le gros de ses troupes. Entre 1804 et 1815, 42 hommes, politiques et militaires pour la plupart, une poignée de religieux et cinq écrivains, sont ainsi célébrés lors d’obsèques nationales au Panthéon. Victor Hugo, Émile Zola, Jean Jaurès, Léon Gambetta, Paul Langevin, Victor Schoelcher, scientifiques, écrivains, hommes politiques, bien d’autres les rejoindront. Les cérémonies seront parfois mémorables comme celle du transfert des cendres de Jean Jaurès en 1924 ou encore, en 1964, de l’entrée de Jean Moulin, héros de la Résistance, célébré dans un inoubliable discours du Ministre de la Culture, André Malraux.
« Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège…. »
Prérogative du Président de la République, c’est François Mitterrand qui en usera le plus en y recourant à sept reprises (pour René Cassin, Jean Monnet, Condorcet, Gaspard Monge, Henri Grégoire, Pierre et Marie Curie), contre deux fois pour son successeur Jacques Chirac (André Malraux et Alexandre Dumas) et aucune pour ses deux prédécesseurs, Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Nicolas Sarkosy essuiera un refus poli de la famille d’Albert Camus, quant à Aimé Césaire « chantre de la négritude », sa famille préfèrera elle aussi le laisser dormir à l’ombre des palmiers antillais plutôt que dans les froideurs du Panthéon.
4 femmes et 73 hommes
Avec l’entrée de Germaine Tillon et Geneviève de Gaulle-Antonioz qui rejoignent Sophie Berthelot femme du chimiste Marcellin Berthelot et Marie Curie, cette dernière étant la seule des deux à avoir été honorée pour son propre mérite et ses deux Prix Nobel, ce sont 4 femmes sur 77 « élus » qui reposent désormais dans la nécropole républicaine
Brigitte Thévenot
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