Depuis mars 2011, on dénombre officiellement 140 000 morts,
victimes du carnage qui se déroule en Syrie. Parmi eux, il y aurait 7000 enfants et 5000 femmes, massacrés par les forces gouvernementales, mais aussi par les rebelles.
Les pourparlers de Genève viennent de se solder par un échec dramatique : aucun accord, aucun progrès, pas même la moindre avancée sur le plan purement humanitaire. La seule aide humanitaire de qualité reçue depuis le début de ce conflit par la population syrienne est celle dispensée par Israël.
Les premiers soins donnés aux syriens qui osaient traverser la frontière pour se faire soigner en Israël avaient un caractère exceptionnel, mais l’afflux régulier d’une population en détresse n’a pas laissé les autorités indifférentes, un hôpital de campagne a été établi pour les soins d’urgence, et les réfugiés dont l’état le nécessite sont transférés dans des hôpitaux du nord du pays. Un peu mieux que l’ONU, on n’en parle pas beaucoup, mais ce n’est pas étonnant.
Ce qui est indécent, c’est que tout ce M. Lakhdar Brahimi trouve à dire après l’échec de cette conférence, c’est qu’il est “désolé” et qu’il s’en excuse auprès du peuple syrien.
En diplomate chevronné, il se garde bien d’incriminer les chefs des deux bords pour leur sauvagerie : surtout ne pas se les mettre à dos, il y aura certainement d’autres négociations, et il est bon de rester neutre.
Il aurait été bon que M. Brahimi observe cette même neutralité diplomatique durant toute sa carrière à l’ONU, mais il ne l’a pas fait quand il s’agissait de vilipender Israël et ses dirigeants.
En décembre 2004, alors qu’il était conseiller du secrétaire général de l’ONU Kofi Anna, M. Brahimi a déclaré sur les ondes belges «Vous devez condamner M. Sharon quand il assassine des gens. Or vous vous taisez, comme vous vous taisez lorsqu’il déracine plus d’un million d’arbres fruitiers en Palestine» , et devant le Sénat belge : “Que fait-on pour résoudre ce problème ? Pas suffisamment. La communauté internationale s’est le plus souvent trop aisément accommodée du point de vue cynique et ridicule du Premier ministre d’Israël, qui faisait de feu le président Arafat le seul et unique responsable de l’insécurité en Israël autant que du malheur de son propre peuple”.
En avril de la même année, interrogé sur France inter, il avait déjà déclaré : “Il n’y a aucun doute que le grand poison dans la région est la politique israélienne de domination et toute la souffrance imposé aux Palestiniens, ainsi que la perception par toute la population de la région, et au-delà, de l’injustice de cette politique, et le soutien également injuste (…) des Etats-Unis à cette politique”.
Pas très neutre tout cela, et l’on se serait au moins attendu à une légère condamnation de la neutralité criminelle du monde occidental face à ce massacre épouvantable, que chaque dirigeant condamne, fermement en promettant, que bien sur, on ne tolérera pas ça plus longtemps…….M. Brahimi ne les incrimine pas non, tous ces chefs d’état frileux, lui qui n’a pas eu peur de mettre très clairement cause le soutien des Etats-Unis à Israël.
Alors, peut-être que les 10 années écoulées ont rendu M. Brahimi plus prudent dans ses déclarations, mais peut-être aussi que le différentiel de ton n’a pour unique que raison que l’implication ou pas d’Israël.
Line Tubiana.
Poster un Commentaire