En 2014, Washington accordera plus de 3 milliards de dollars d’aide à l’Etat hébreu.
Sa contribution à des programmes de défense antimissile sera même triplée.
Retardé par le shutdown qui paralysa le gouvernement fédéral en octobre dernier, l’accord sur le budget 2014 a finalement été conclu mardi entre les présidents du Sénat et de la commission budgétaire de la Chambre des représentants. Parmi tous les pays bénéficiant d’une aide militaire américaine – soit un total de 552 milliards de dollars -, Israël se verra attribuer près de 3,1 milliards de dollars, assortis d’une enveloppe de quelques 300 millions de dollars pour la production de nouvelles batteries du système « Dôme de fer ».
Le texte, qui doit encore être adopté par les deux chambres du Congrès, prévoit d’accroitre les dotations en faveur de plusieurs programmes de défense antimissile, dans certains cas, à la faveur du lobby pro-israélien AIPAC, largement supérieures au souhait du président Barack Obama. Cette manne financière permettra à Tsahal de compenser certaines des coupes budgétaires imposées par le gouvernement en raison du déficit – l’armée doit économiser près de 1,4 milliards d’euros sur cinq ans.
Concrètement, la hausse considérable du budget consacré à la défense du territoire américain (« Homeland Defense », 9,5 milliards de dollars en 2014), a permis d’accroitre la participation des Etats-Unis au développement du bouclier antimissile israélien. 173 millions de dollars vont ainsi être investis par Washington, dont 33,7 millions de dollars serviront au système antibalistique Arrow-3 (« Flèche »), lequel a subi plusieurs tests opérationnels ces derniers mois, et 117,2 millions de dollars au système Magic Wand (« Baguette magique »), conçu pour intercepter les roquettes d’une portée de 70 à 240 km.
En dernier lieu, le Congrès devrait verser 300 millions de dollars supplémentaires à Israël servant à la fabrication de nouvelles batteries « Dôme de fer » pour lesquelles le président Barack Obama avait initialement envisagé un apport de 200 millions de dollars. Ce système, développé en un temps record par les industries militaires Rafael, a montré son efficacité lors de l’opération « Pilier de Défense » en novembre 2012, interceptant près de 400 roquettes palestiniennes qui prenaient la direction de villes israélienne, y compris Tel Aviv.
L’aide américaine à la loupe
De façon presque paradoxale étant donné les profonds désaccords entre l’administration Obama et le gouvernement de Benyamin Netanyahou, le soutien militaire américain à Israël n’a jamais été aussi important. En 2010, deux ans après son investiture à la Maison Blanche, le président américain avait signé une première loi de dépenses (« Spending bill ») destinée au financement de plusieurs programmes israéliens de défense antimissile. A l’époque, 202 millions de dollars avaient été mis à la disposition de l’Etat hébreu.
En août 2012, devant des représentants de l’AIPAC, Barack Obama signait un nouvel accord aux allures de pacte militaire (The United States-Israel Enhanced Security Cooperation Act). Destiné, selon ses termes, à renforcer la coopération sécuritaire israélo-américaine, il engage Washington à apporter une aide constante à son allié israélien, et à lui fournir armes et munitions dès que la situation l’exige. Le texte évoque ouvertement les risques d’un conflit avec l’Iran : le cas échéant, il est stipulé que les Etats-Unis assisteront Israël avec des avions de ravitaillement, des missiles et d’autres armements de pointe qui lui étaient jusqu’ici refusés de crainte qu’ils ne servent à une attaque contre la République islamique.
En août 2007, l’aide militaire fournie par les Etats-Unis à Israël avait été augmentée de 25%, en vertu d’un protocole d’accord signé par l’ancien président Georges W.Bush, valable une décennie. Aujourd’hui estimée à près de 3 milliards de dollars par an, elle représente un tiers du budget annuel de l’armée israélienne et du ministère de la Défense. Après la visite de Barack Obama en Israël, en mars dernier, des négociations ont été engagés pour prolonger cette aide après 2017.
Depuis la fin de la guerre de Kippour, l’Etat hébreu serait le premier bénéficiaire de l’aide militaire américaine. La loi sur l’attribution de l’aide extérieure, signée en 1990, permet à Israël de percevoir cette aide en un seul versement, le premier mois de l’année fiscale en cours. La somme allouée peut également être investie aux Etats-Unis.
Maxime Perez
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