Hannah Arendt, les vertiges de la pensée Par Alexis Lacroix

L’Arche : Des portraits, des parcours de femmes

L’Arche, « le magazine du judaïsme français », publie un hors série consacré à « des parcours de femmes de tous horizons qui se sont illustrées dans des domaines divers et qui ont laissé leur marque ».
C’est ce qu’écrit le directeur de la rédaction, Salomon Malka.
Il en a conçu le projet et confié à des essayistes, écrivains et journalistes de talent le soin d’écrire chacun l’histoire d’un parcours : « des portraits de femmes vaillantes, flamboyantes, subversives, lumineuses… » Et il termine  par une paraphrase qui lui servira de titre.

« NI MUETTES, NI SOUMISES »

Très curieusement, un seul mot manque : JUIVES

Et pourtant, elles sont dépeintes, scrutées, analysées d’abord en fonction de leur judéité assumée, revendiquée ou passée sous silence, voir niée. Ce mot qui manque c’est intéressant et révélateur.
Avec l’accord de Salomon Malka et du président du FSJU, Pierre Besnaïnou, que nous remercions chaleureusement, nous avons le privilège de publier sur notre site tribunejuive.info, ces portraits de femmes juives célèbres, ces femmes qui font partie de notre famille.
André Mamou
Rédacteur en chef. tribunejuive.info
arche avec site

Indépendance d’esprit ou « houtspa » provocatrice ?

Sans ta présence le monde soudain s’est glacé ». L’oraison funèbre prononcée par le philosophe Hans Jonas aux obsèques de Hannah Arendt, dans le parc de Bard College, en décembre 1975, dit la trace durable, à la fois chaleureuse et polémique, léguée par cette intellectuelle juive allemande qui a eu la même ambition que le roi Salomon : celle d’être « un cœur intelligent ». Les paroles de Jonas disent, aussi, le défi de consacrer une œuvre cinématographique à une figure aussi inclassable, à une displaced person de la pensée. Ce défi, Margarethe von Trotta le relève pleinement. Après Rosa Luxembourg, la réalisatrice de Hannah Arendt prouve que le 7e art peut rendre accessible le « génie féminin » d’une intellectuelle, selon la formule de Julia Kristeva.
Dans ce film, Barbara Sukowa, qui joue le rôle de la philosophe, confirme l’étendue de son talent, aux côtés d’autres interprétations saisissantes de vérité, comme celle du mari d’Arendt, Heinrich Blücher, par Axel Milberg, de Hans Jonas par Ulrich Noethen, ou de Kurt Blumenfeld par Michael Degen.
Hannah Arendt raconte trois ans dans la vie de la philosophe et politologue, avant, pendant et après le procès Eichmann. C’est à la toute fin des années cinquante, lorsqu’elle apprend que le nazi Adolf Eichmann, arrêté par le Mossad en Argentine où il se cachait sous une fausse identité, va être jugé à Jérusalem, qu’Arendt propose à l’éditeur du New Yorker de « couvrir » son procès. Finalement, le magazine de la gauche chic patientera… près d’un an et demi ! Rendus à partir de mai 1962, et publiés en 1963, ces papiers d’analyse (plus que de reportage…), forment la matière dense d’un livre explosif : Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du Mal.

La session de rattrapage

Le film de Margarethe von Trotta s’ouvre au tournant des années 1960. Hannah Arendt est plongée dans la préparation de son reportage ou, comme elle le dit déjà, de son « rapport » sur le procès d’Eichmann. Une préparation fébrile, impatiente, enthousiaste : dans une lettre ultérieure à son amie Marie McCarthy, elle évoquera même un état d’euphorie. Euphorie ? Pour Arendt, observer des semaines entières l’un des principaux dignitaires de la Solution finale, spécialiste des « questions juives », représente une chance inespérée. Après avoir manqué, treize ans plus tôt, le procès de Nuremberg, l’occasion lui est donnée d’une cura posterior, d’une « session de rattrapage ».
Une session de rattrapage qui récompense une persévérance. L’enquête pour le New Yorker consacre l’opiniâtreté de la philosophe à « penser par soi-même », suivant l’exigence qu’elle tient de Lessing. Loin de brouiller la singularité d’Arendt, son admission dans la Maison du peuple de Jérusalem, pour y suivre les audiences de celui qu’on nomme, en Israël, le « prédateur », parachève sa solitude batailleuse. « I don’t fit », aime à répéter la philosophe – entendez : « Je ne rentre dans aucune case »… Et pour cause : dès les premières réquisitions du procureur Gideon Hausner, Arendt s’insurge de ce qu’elle perçoit comme un « procès spectacle », où David Ben Gourion tirerait les ficelles, à l’encontre de l’avis de Hans Jonas qui défend « le droit sacré d’Israël » de juger les nazis. L’art de ne rentrer, en effet, dans aucune case.

« La manière dont Arendt criminalise les Judenräte

apparaît à beaucoup indéfendable.

Ce que, sur son lit de douleur,

un Kurt Blumenfeld, à bout de patience,

résume à sa façon : ‘Cette fois-ci, tu vas trop loin’. »

hanna arendt
En 1961, cela fait déjà longtemps, en tout cas, que l’auteur des Origines du totalitarisme, dans une infidèle fidélité, s’exprime en première personne sur un terrain plus philosophique. Cela fait longtemps qu’elle a reclassé à sa guise les fils emmêlés de ses héritages et s’est évertuée à se désenvoûter du premier de ses mentors, le philosophe Martin Heidegger, compromis dans son adhésion au national-socialisme : envers cet homme qui a tant compté dans le façonnement de sa pensée, et qui continue à peupler son imaginaire, mi- surmoi, mi-mentor, Arendt a multiplié les gestes d’insubordination. Parsemé de flashbacks, le récit de Margarethe von Trotta ausculte son éloignement sans doute à regret, sa fin de non-recevoir forcée à l’endroit de l’heideggerianisme. Une faille sépare désormais le maître de son élève, un abîme que ne comble plus l’affection indestructible.

La cage de verre

Pour l’auteur de Sein und Zeit, l’urgence n’est pas à comprendre ce qu’a de spécifique et d’irréductible le désastre du vingtième siècle. Arendt, lors de furtives retrouvailles, le presse de s’expliquer sur le lamentable épisode du « rectorat », puis d’éclairer son long silence sur la machine de mort nazie. En vain. Bunkérisé dans une approche historiale, mais non historique, de la modernité, Heidegger, malgré son dérapage de 1933, raisonne encore, en 1960, comme si le désastre n’avait pas eu lieu : il concède, certes, sa « naïveté » en politique (ce qu’il n’a jamais fait dans la réalité, il s’agit d’une invention de la cinéaste, véritable angle mort esthétique et idéologique du film), mais apparaît surtout inaccessible à la gravité de ce qui s’est joué là – comme mithrydatisé contre les « misères du présent ». L’inverse exact d’Arendt.
Celle que les Américains fêtent comme une icône intellectuelle n’a cessé de se comporter en vigie des catastrophes, en sentinelle du Mal : elle projette sur sa pensée ce qu’est sa vie – celle d’une displaced person. L’antitotalitarisme est l’air philosophique qu’elle respire. Ce dont le vingtième siècle est le nom hante sa réflexion. Comme elle l’explique à ses étudiants de Bard College, elle est ébranlée par la fureur d’une époque qui a voulu rendre les humains « superflus ». Entre le surplomb impassible du « berger de l’Être » et l’inquiétude pour le monde qui la taraude, le divorce est inévitable. Tout l’intérêt de la démarche de Margarethe von Trotta est de souligner que la commotion du nazisme impose à Hannah Arendt, ainsi qu’à d’autres intellectuels de sa génération, parmi lesquels Hans Jonas et un grand intellectuel israélien absent à l’écran, Gershom Scholem, le devoir de penser autrement.

« Tu te comportes comme

une intellectuelle allemande ergoteuse

qui méprise les juifs’, déplore Hans Jonas, amer. »

 
Penser autrement ? Une gageure, face à l’homme déroutant de banalité, et « dépourvu de pensée », que Arendt découvre, dès les premières minutes de l’audience. C’est sous les traits d’une abyssale médiocrité que lui apparaît Adolf Eichmann, ce haut dignitaire du IIIe Reich. Un être insignifiant, a nobody, martèle-t-elle, dans son américain saccadé d’accent berlinois. Dans ses articles au New Yorker, elle dresse le portrait d’un Allemand ordinaire, « ni faible d’esprit, ni endoctriné, ni cynique ». Eichmann, reclus dans sa cage de verre, l’impressionne et la dérange par son inaptitude à « distinguer le bien du mal ». De ses lèvres, note la philosophe-reporter, il ne sort « pas une seule phrase qui ne fût un cliché ». Sa bonne conscience n’a d’égal que le caractère convenu de ses déclarations. Avec ce sujet rétif à toute pensée personnelle, « il était impossible de communiquer, non parce qu’il mentait, mais parce qu’il s’entourait de mécanismes de défense extrêmement efficaces contre les maux d’autrui, la présence d’autrui, et, partant, contre la réalité même. » Son auto-enfermement mental, souligné par les images d’archive tournées par le cinéaste américain Leo Hurwitz, offre à Arendt une occasion de prouver que, loin d’avoir été des monstres sadiques, la majorité des desservants de la machine d’extermination ont été modelés, dressés par la rationalité instrumentale : ils se sont mués en serviteurs dociles du biopouvoir concentrationnaire et, lorsqu’il s’est agi de changer des humains en cadavres, ont agi avec un placide sentiment d’évidence, comme s’ils s’occupaient de poulets en batterie.
Arendt émet ce postulat : Eichmann n’est pas un « monstre », mais le produit terrifiant d’une pure absence de pensée. Son adaptation servile aux exigences du système qui l’avait mandaté a éteint en lui tout discernement, étouffé son jugement, anesthésié sa conscience. Eichmann illustre la manière dont des individus « effroyablement normaux », commettent des crimes d’une nouvelle espèce et s’arrogent le droit de « décider qui doit et ne doit pas habiter cette planète ». Il emblématise ce que, dans une novation conceptuelle, la philosophe nomme la « banalité du mal ».
La banalité du mal n’est pas sa banalisation. À un Gershom Scholem perplexe, Arendt rétorquera bientôt : « À l’heure actuelle, mon avis est que le mal n’est jamais radical, qu’il est seulement extrême, et qu’il ne possède ni profondeur ni dimension démoniaque… Seul le bien a de la profondeur et peut être radical. »

Eichmann, un antisémite peu banal

Dans une des premières scènes du film, on voit Arendt s’énerver contre la justice israélienne, et notamment contre le procureur Gideon Hausner, sa « tête de Turc », qu’elle soupçonne d’être aux ordres de David Ben Gourion. Kurt Blumenfeld tente de la raisonner : « Fais preuve d’un peu de patience avec nous ! » Est-ce parce qu’Arendt n’a pas écouté le conseil de cet aîné et n’a vraisemblablement assisté qu’à trois semaines environ des dix mois qu’a duré le procès d’Adolf Eichmann, ainsi qu’elle s’en est vantée auprès de Karl Jaspers ? Est-ce parce qu’elle a voulu écourter son séjour à Jérusalem, comme elle l’explique à son mari, Heinrich Blücher, dès le 20 avril 1961 – « Je veux partir le plus vite possible, mais pas au point de manquer quelque chose d’essentiel » ? En tout cas, l’historien Raul Hilberg, intrigué par la brièveté de sa présence en Israël, a souligné qu’une grande part de la volonté mauvaise qui avait animé Eichmann dans la conception, l’exécution et l’encadrement de la Solution finale, a été ignorée par la philosophe.

« Raul Hilberg a souligné

qu’une grande part de la volonté mauvaise

qui avait animé Eichmann dans la conception,

l’exécution et l’encadrement de la Solution finale,

a été ignorée par la philosophe. »

Margarethe von Trotta raconte, dans les mois qui suivent le retour d’Arendt à New York, les tiraillements indécidables où se débat la philosophe, attelée à la composition de son « rapport » ; des tiraillements que manifestent, à côté des discussions orageuses qui commencent à l’opposer à son cercle d’amis, son besoin de s’accorder des pauses, seule et méditative, allongée dans la pénombre de son bureau. En éconduisant les importuns qui téléphonent… Ainsi, pour Arendt, l’entrée dans la SS d’Eichmann, en 1932, ne dénoterait aucune adhésion fondamentale à la Weltanschauung hitlérienne. Est-ce (encore) là ce qui s’appelle penser autrement ? On touche à l’une des premières apories de la réflexion arendtienne – des apories, encouragées par l’indéfectible Heinrich Blücher, qui vont lui attirer une violence parfois paroxystique. Tout se passe en tout cas, à ce stade, comme si, rattrapée par le charme heideggerien, Arendt était incapable d’envisager qu’Eichmann ait pu être aussi agi par une volonté perverse. Retour du refoulé heideggerien : est-ce le problème, en effet ? En dépit des efforts sincères d’Arendt pour se dégager de l’ombre tutélaire de Heidegger, une part de la conceptualité de la « banalité du mal » s’avère être un démarquage des réflexions sur l’anonymat du « on », développées par Heidegger dans Sein und Zeit. Ainsi de ce moment du film où, face aux tempêtes multiples et aux émois (notamment de la communauté juive américaine) que déchaîne la publication de ses thèses, elle explique à son mari que seul le bien est « radical et profond », quand le mal ne serait que « banal et extrême ». D’ailleurs, en ce printemps 2013, les interrogations légitimes que l’on est en droit de nourrir sur la validité du concept de « banalité du mal » sont relancées par le nouveau film de Claude Lanzmann, Le dernier des injustes, consacré à l’action controversée du rabbin Benjamin Murmelstein dans le ghetto de Theresienstadt (Terezin).
Dans le mensuel L’Histoire, l’historienne Annette Wieviorka a mis en exergue une autre raison du tir de barrage opposée aux thèses arendtiennes : une raison qu’on appellerait aujourd’hui médiologique. « Le procès Eichmann, largement présent à la télévision américaine grâce aux images de Leo Hurwitz, du moins sur les chaînes des villes de la côte Est où résidaient la grande majorité des juifs américains, a frappé les consciences. C’est aussi que, pour la première fois, il donnait à entendre avec amplitude la voix des survivants et marquait l’avènement du témoin. » Le film de Margarethe von Trotta le montre bien ; pour beaucoup de juifs américains, notamment les plus jeunes, le procès fut le moment de la prise de conscience de l’histoire de la Shoah. Or Hannah Arendt, en s’emparant du procès pour en faire l’occasion d’une réflexion universelle sur le mal et la responsabilité, a donné « le sentiment d’être insensible aux souffrances des juifs, en quelque sorte de s’en désolidariser ». Cinquante ans plus tard, même des arendtiens indéfectibles comme le philosophe Alain Finkielkraut avouent, pour les mêmes raisons, ne pas aimer Eichmann à Jérusalem. Et, en 1963, c’est un ami comme Gershom Scholem qui s’est offensé de ce qui lui apparaît, à tout le moins, comme un « manque de tact » (Herzentakt). Le film met dans la bouche de Kurt Blumenfeld les griefs que Scholem a nourri, dans une célèbre correspondance, contre le travail d’Arendt : « ton sarcastique », « souvent malveillant », « désinvolte ».
Avec Eichmann à Jérusalem, Hannah Arendt aggrave encore son cas. Car elle n’y traite pas seulement du rôle d’Eichmann dans la machine d’extermination nazie ; elle a surtout déclenché une tempête inapaisée à ce jour en prétendant, dans les dix pages les plus contestables de son rapport, pouvoir établir l’implication directe des Conseils juifs (les Judenräte) dans la mise en œuvre de la Solution finale : ces Judenräte installés par l’Allemagne nazie dans tous les pays qu’elle avait annexés et sur lesquels le pouvoir hitlérien a cherché à faire reposer la responsabilité des déportations.

Un « moral collapse » ?

Pour Arendt, cela ne fait aucun doute : les chefs de ces Judenräte auraient massivement collaboré à la destruction de leur peuple, et elle va même jusqu’à affirmer que, si les juifs avaient été un peuple moins organisé sur un plan politique, le nombre des victimes de l’extermination aurait été inférieur. Margarethe von Trotta montre très bien que, même pour ses amis les mieux disposés, ce dernier chef d’inculpation était littéralement irrecevable. Contrairement aux développements sur la « banalité du mal », là il n’y a plus de discussion possible. La manière dont Arendt criminalise les Judenräte apparaît à beaucoup indéfendable. Ce que, sur son lit de douleur, un Kurt Blumenfeld, à bout de patience, résume à sa façon : « Cette fois-ci, tu vas trop loin ». Les historiens, précédés par des témoins du procès dont les déclarations ont été enre gistrées par Leo Hurwitz, ont bien montré que de nombreux responsables des Judenräte n’avaient pas été les personnages univoquement condamnables décrits par Arendt, mais s’étaient souvent efforcés de freiner les massacres. Arendt a affronté une violence sans pareille, allant jusqu’aux menaces de mort, mais à un ami bienveillant comme Hans Jonas, elle a semblé méconnaissable : il la décrit, dans cette affaire, comme « possédée ».
 

« ‘I don’t fit’, aime à répéter la philosophe –

entendez : ‘Je ne rentre dans aucune case’. »

hannah arendt2
Possédée ? Ou, plutôt, imbue jusqu’à l’ivresse du primat de la réflexion abstraite ? Devant le tonnerre de protestation, les lettres d’injure et les diverses pressions exercées sur les proches de la philosophe, l’université de Chicago a pris peur et a cherché à la pousser à la démission. Arendt, au climax de la polémique, se retrouve devant une salle de cours bondée et électrique, où a pris place, invisible dans les derniers rangs, son ami Hans Jonas. Le film montre l’ovation que réservent les étudiants à son vigoureux plaidoyer pro domo où elle avance, à l’appui de sa thèse sur les Judenräte, un argument nouveau : loin, se défend-elle, d’avoir cherché, une manière de zone de non droit morale, une sorte de nuit éthique, celle du « moral collapse », d’effondre ment des normes et des repères moraux où le national-socialisme a plongé l’Europe. Et d’ajouter : « Logiquement, ce moral collapse n’a pas épargné le peuple juif ». Scène incroyable, où l’adhésion (irresponsable ?) du jeune public étudiant contraste avec l’embarras peiné de Jonas qui attend que l’amphithéâtre se soit vidé pour lui lire les lévitiques.
Ce n’est pas sa désinvolture qu’il lui reproche, mais, dans l’allemand de leur jeunesse, son Arroganz. « Tu te comportes comme une intellectuelle allemande ergoteuse qui méprise les juifs », déplore-t-il, amer. Et le futur auteur du Principe responsabilité d’ajouter : « Hannah… Ton ignorance des choses juives est si grande… Pour la première fois, je ne suis plus le soupirant de l’élève préférée de Heidegger ! ». Dans le chagrin qui le submerge, Jonas formule peut-être une des clés de toute l’affaire. Bien sûr, comme le film ne le dit pas, mais comme il le raconte dans ses Mémoires, Jonas, deux ans après, sous l’influence de sa femme, Lore, renouera avec la philosophe scandaleuse. Et il ne cessera de célébrer l’excellente et fidèle amie qu’elle a toujours su être pour lui et pour Lore. Mais sans plus se dissimuler le fait que, dans la houtspa provocatrice de sa chère Hannah, résidait peut-être une charge existentielle de tragédie. Arendt, ou le risque chèrement payé de la pensée.

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