Revue de la Presse Israélienne
du Service de presse et de la communication
de l’Ambassade de France en Israël
Semaine du 18 au 22 novembre 2013
NUCLEAIRE IRANIEN :
VISITE D’ETAT DU PRESIDENT FRANÇAIS EN ISRAËL
SUR FOND DE REPRISE DES NEGOCIATIONS A GENEVE
Le dossier nucléaire iranien continue d’être le sujet discuté par les médias israéliens cette semaine. La visite d’Etat du Président de la République François Hollande en Israël et dans les Territoires Palestiniens les 17, 18 et 19 novembre derniers a essentiellement été couverte par la presse sous l’angle du dossier iranien. L’accueil par les responsables israéliens du Président français a été qualifié par la presse « d’extrêmement chaleureux ». Les commentateurs y ont vu une façon pour Israël de remercier M. Hollande de sa position ferme sur l’Iran au cours de la précédente session des négociations à Genève. Pour certains commentateurs, cependant, cette position française sur l’Iran aurait été motivée par des intérêts essentiellement économiques et qu’elle bénéficiait du « trou d’air » causé par l’affaiblissement de la position américaine dans la région.
Mercredi, le Premier ministre Binyamin Netanyahu a rencontré au Kremlin le Président russe Vladimir Poutine. Cette visite, qui avait pour objectif de convaincre Poutine de ne pas céder lors des négociations sur le nucléaire iranien, a été considérée par les commentateurs israéliens comme un « affront supplémentaire» fait à l’administration américaine. Pour les médias, cependant, Netanyahu aurait échoué dans sa mission et serait sans illusion sur le fait qu’un accord du p5+1 avec l’Iran sera inévitablement signé prochainement.
En parallèle, les puissances se sont réunies mercredi à Genève pour une nouvelle session de pourparlers avec l’Iran. La presse a rapporté les propos du guide suprême iranien Ali Khamenei accusant la France mercredi de « se mettre à genoux face à Israël » après qu’Hollande ait déclaré lors de sa visite en Israël que la France ne permettrait pas à l’Iran d’obtenir des armes nucléaires. Selon un correspondant de presse israélien à Genève, la France aurait toutefois fait marche-arrière jeudi sur la clause de l’arrêt de la construction du réacteur d’Arak. Les commentateurs estimaient ce matin que l’optimisme quant à la signature d’un accord, qui était de mise lors de l’ouverture des négociations il y a deux jours, semblait s’éloigner.
UNE FAIBLE ALLIANCE
par SHIMON SHIFFER– YEDIOTH AHARONOTH
Le récent rapprochement entre Hollande et Netanyahu n’est pas une nouvelle lune de miel, ni un retour a à l’âge d’or des relations franco-israéliennes des années 60. Nous devons, toutes proportions gardées, diminuer nos attentes afin de ne pas être trop déçus.
A propos des négociations sur le dossier nucléaire iranien, le Président français a promis de rester fidèle à son amitié avec Israël et qu’il n’a pas l’intention d’y faire défaut. Cependant, indépendamment de la position israélienne, la France a, depuis des années, affiché une position plus ferme que les Etats-Unis concernant ce qui devrait être exigé de l’Iran en échange d’un allègement des sanctions. Il ne faut pas oublier que la France détient des armes nucléaires et vend des réacteurs nucléaires pour la production d’énergie à de nombreux pays dans le monde. C’est pour cette raison que les Français sont prudents quant aux clauses d’un éventuel accord et affichent une plus grande suspicion que les autres puissances envers les Iraniens.
Hollande a certes promis lors de sa visite en Israël que la France ne permettra jamais à l’Iran d’obtenir des armes nucléaires, mais pour l’instant la France s’aligne sur les autres puissances impliquées dans les négociations. Malgré toutes les déclarations faites par les responsables français, Hollande, ami proche d’Obama, va en définitive soutenir l’accord entre les puissances et l’Iran.
Ce serait totalement utopique de penser que le président Hollande se fait le porte-parole de Netanyahu dans ces négociations. La seule chose que les Israéliens pourraient attendre des Français est qu’ils améliorent les clauses de l’accord. Il existe un consensus au sein de la communauté internationale pour que l’Iran puisse continuer à s’enrichir en uranium et pour qu’il ne lui soit pas demandé de retirer les centrifugeuses de son territoire.
La seule concession que l’Iran ait acceptée de faire a été de permettre des contrôles internationaux sur les sites connus par l’Occident. De plus, les Iraniens savent maintenant pertinemment que toute action susceptible de décevoir les puissances pourrait se retourner contre eux avec l’intensification des sanctions.
Il est vrai qu’Hollande nous a fait la promesse de son amitié. Mais l’histoire complexe de notre relation avec la France nous a appris au moins une leçon : les choses sont susceptibles de changer. Souvenons-nous de ce que De Gaulle a dit à notre propos en novembre 1967 : «une nation d’élite, sûre d’elle et dominatrice». Les alliés d’hier peuvent devenir les rivaux de demain. Lorsqu’il s’agit des relations entre pays, nul ne devrait s’émouvoir des déclarations d’amour ni s’attendrir des démonstrations d’affection.
NETANYAHU N’A RIEN A PERDRE HORMIS PERDRE
par DAN MARGALIT – ISRAEL HAYOM
Pour Netanyahu, la meilleure partie de la semaine s’est terminée avec le retour du Président français François Hollande à Paris. Il est vrai que Hollande a réaffirmé son opposition à la poursuite de la colonisation. Mais la rencontre avec Hollande a tout de même été bénéfique pour Israël. Lundi, après son discours à la Knesset, les commentateurs affirmaient que la France avait clarifié ses exigences envers les Iraniens. Les prévisions pourraient s’avérer être exactes. La France et Israël partagent une position critique au sujet du dossier iranien, bien que Jérusalem et Paris ne se soient pas coordonnés à l’avance.
La seconde partie de la semaine de Netanyahu était plus mouvementée. Il s’est rendu mercredi à Moscou avec la ferme intention de jouer toutes ses cartes. Netanyahu a pardonné les remarques du Ministre russe des Affaires Etrangères Sergey Lavrov à son égard, mais il sait pertinemment qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de la Russie au sujet de l’Iran.
Même du point de vue américain, le tableau demeure obscur. Le Président Obama a longuement essayé de mobiliser le Sénat autour du dossier iranien. Le fait que son adversaire John McCain lui ait tendu une perche ne dit rien sur la position du Sénat ; c’est la culture politique américaine. Même Obama sait qu’il ne sera pas en mesure de signer un contrat avec le régime iranien, vu les demandes de plus en plus exigeantes de l’Iran. Le niveau de doute au sujet de l’attitude des Iraniens est tel que même Washington, désireux d’un compromis avec Téhéran, pourrait refuser de consentir à un accord.
Aucun doute, Israël est coincé dans une position de faiblesse. Même la visite d’Hollande n’a rien pu y faire. Netanyahu n’a de toutes les façons pas d’autres choix que celui de persévérer dans le chemin qui l’a guidé jusqu’à présent, celui de convaincre les grandes puissances de la menace que fait peser l’Iran sur Israël et le monde. Il a encore la possibilité de réussir. Il n’a surtout plus rien à perdre.
L’IRAN MENE LE JEU
par MOSHE ARENS – HAARETZ
Il serait légitime de penser que dans les négociations actuelles entre l’Iran et les 5 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne, ce soit l’équipe des P5+1 qui ait les cartes en main. Les plus grandes puissances économiques du monde, incluant la première puissance mondiale, les Etats-Unis se trouvent face à l’Iran, un pays au bord de la banqueroute, écrasé sous le poids des sanctions qui lui ont été imposées ces dernières années.
Dans ces négociations, l’équipe des P5+1 est dirigée par la chef de la diplomatie européenne, Madame Catherine Ashton, et les Iraniens par leur ministre des Affaires Etrangères Mohammad Javad Zarif. Jusqu’à présent, le ministre iranien a réussi à mener le jeu, bien plus que Madame Ashton qui semble loin de pouvoir se mesurer à lui. 1-0 pour l’Iran. Mais dans les coulisses des négociations, c’est en réalité Obama qui mène la danse sous la couverture de Madame Ashton et le Ministre iranien Zarif ne fait que suivre les instructions de son leader suprême, l’ayatollah Khamenei. Les négociations à Genève sont en réalité des négociations entre Washington et Téhéran.
L’objectif affiché de Washington est de faire en sorte que l’Iran n’obtienne pas d’armes nucléaires. Mais c’est vraisemblablement l’objectif de tous les participants aux négociations. Ainsi que celui d’Israël. Or, les coûteuses installations nucléaires iraniennes sont la preuve des efforts que fait l’Iran pour développer des armes nucléaires. Il y a trois possibilités pour obtenir le démantèlement des centrifugeuses iraniennes : les détruire à l’aide de frappes militaires, obtenir des Iraniens qu’ils les démantèlent eux-mêmes afin d’obtenir la suppression des sanctions économiques, ou convaincre les iraniens d’un démantèlement de leurs infrastructures nucléaires au travers de la voie diplomatique. Les deux premières possibilités n’ont jusqu’à présent pas abouti, voyons si la troisième réussira.
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