Je commence par la fin :
l’immigration arabe est la meilleure chose
qui pouvait arriver à l’Europe
ces cinquante dernières années.

« La France n’est plus ce qu’elle était », « Les Arabes envahissent l’Europe », C’est le type de propos auxquels j’ai droit quand je dis avoir vécu en France pendant 14 ans. Ils attendent évidemment de moi que je sois d’accord avec eux. Comme si le reste du monde n’avait pas changé. Comme si la France devait rester telle qu’elle l’était dans les films de notre jeunesse avec Jean Gabin, Alain Delon ou Louis de Funès. Comme si le pire désastre arrivé à l’Europe était l’arrivée des Arabes. Comme s’il était évident qu’il fallait arrêter ce désastre.
IL N’Y A RIEN À ARRÊTER
Les Arabes en Europe sont un fait accompli. Il est temps de réaliser qu’il n’y a aucun moyen d’endiguer l’immigration des Chinois, des Pakistanais, des Indiens, des Arabes en Europe. Ils continueront à arriver et ce n’est pas la peine d’enfouir sa tête dans le sable pour ne pas le voir.
L’intégration d’émigrants n’est jamais facile. Elle provoque des traumatismes. Les nouveaux arrivés sont toujours humiliés, exploités et font l’objet de discriminations. Mais peu à peu, la grande partie est assimilée et s’intègre à la la société dominante et à sa culture. A l’évidence, l’Europe ne sera plus ce qu’elle a été. Et c’est une bonne chose.
Les immigrés peuvent faire aujourd’hui l’objet de discriminations. Mais qui pourra demain empêcher les Arabes, les Indiens ou les Chinois d’être élus demain maires, députés, leaders politiques ou Chefs d’Etat dans toute l’Europe ?
Cela arrivera plus vite que nous le pensons. Et c’est ce qui fait peur à mes interlocuteurs israéliens. Ils pensent que les Arabes sont des terroristes, des antisémites et des ennemis d’Israël. Ils imposeront la loi de la Charia en Europe. Il est vrai qu’il y a des terroristes arabes qui ont fait preuve des niveaux les plus élevés de haine, de crimes et de racisme. Mais la plus grande partie des Arabes en France sont des patriotes français. Les Israéliens seraient surpris d’apprendre que beaucoup d’Arabes en France sont très favorables aux Juifs et sont aussi de grands admirateurs d’Israël, souvent bien plus que des Français de souche.
Il n’y a pas moyen de savoir combien d’Arabes ou de Musulmans vivent aujourd’hui en France parce que signaler la religion ou l’origine ethnique d’une personne est interdit par la loi. Quant aux immigrés d’Afrique ou d’Asie venus en France, tôt ou tard, leurs enfants ou leurs petits enfants se marieront avec des jeunes de familles françaises de souche ce qui bouleversera à long terme la démographie du pays. Et c’est une bonne chose.
L’EUROPE SERA DIFFÉRENTE
L’Europe sera différente. Ce ne sera plus l’Europe plongée dans une des formes les plus extrêmes de la décadence raciste de l’humanité. Peut on s’imaginer ce qu’aurait pu être l’histoire du vingtième siècle si l’Allemagne et l’Europe étaient profondément pluri-ethniques? Aurait-t-on pu exterminer des populations sur une base raciste ou religieuse? La leçon du vingtième siècle est claire : l’apologie de l’ethnie, de la religion et du nationalisme à outrance est la recette pour un désastre que ni le progrès scientifique et ni une culture raffinée n’ont pu empêcher.
Les solutions ne sont pas simples. Les populations d’origine se défendent par des moyens subtils. L’époque du colonialisme, de l’exploitation, de la discrimination terminée, nous entrons a priori dans l’ère de la bienveillance et de la tolérance.
LE MULTICULTURALISME
En Amérique du Nord, on a inventé le « multiculturalisme ». C’est un terme sympathique qui veut dire : « Vous autres, immigrants venus de pays sous développés, vous avez aussi une culture et nous la respectons tout comme la nôtre à égalité. Nous n’allons pas vous imposer nôtre culture. Tout au contraire, nous allons vous aider à préserver la vôtre ».
C’est ainsi que pour maintenir sa supériorité, l’establishment culturel enferme les immigrés dans la cage dorée du folklore inoffensif de leur pays d’origine. Il crée ainsi une ségrégation – version atténuée de l’apartheid – entre sa culture et celle des immigrés (arabes, indiens,chinois, africains etc.) Les acquis de la culture universelle demeurent ainsi réservés aux populations de souche et les autres sont contraints de se cantonner dans leurs traditions, dans l’étroit domaine du folklore, et dans une incapacité d’accéder à la culture.
C’est ce qui s’est passé aussi en Israël.
Ce multiculturalisme a pris ici l’aspect du« melting pot » Grace à lui les premiers pionniers se sont emparés des organismes de la haute culture et ont refoulé les nouveaux venus dans le ghetto du folklore. L’establishment s’est efforcé à promouvoir des fêtes ethniques comme substitut au développement culturel. En quelque sorte, on va vous donner plein de chansons orientales de basse qualité à la radio, on va glorifier la fête de la Mimouna, on va même nous prosterner pour baiser la main du rabbin Ovadia Yosef, mais laissez nous la direction de l’orchestre philharmonique, du Théâtre Habima, de l’Opéra, des institutions culturelles et des universités.
L’establishment a affermi son pouvoir sournoisement par hypocrisie et par habileté à jeter de la poudre aux yeux des nouveaux venus. Certains sont tombés dans le piège. On a ainsi créé des localités mono-ethniques peuplées uniquement d’immigrés ce qui a retardé leur assimilation à la société générale.
Malgré ses remarquables progrès, Israël souffre d’une segmentarisation extrême. On pourrait même dire qu’il y a plusieurs peuples dans ce pays, totalement séparés les uns des autres.
COMPARTIMENTAGE
Ce compartimentage hermétique ne provient pas de causes économiques ou sociales. Israël est l’un des rares pays au monde où l’identité des citoyens dépend officiellement de leur origine ethnique. La dépendance exclusive en Israël de la religion juive était sans doute compréhensible quand le pays offrait une solution humanitaire aux rescapés de l’Holocauste et aux Juifs persécutés dans leur pays d’origine. Mais de nos jours quelle est la justification d’établir notre identité uniquement sur des critères religieux?
Le sionisme qui voulait créer un « asile de nuit » pour les Juifs a atteint son but et terminé sa mission. Aujourd’hui Israël ne peut continuer à se cramponner à des idéologies révolues devenues anachroniques. A t-on encore besoin d’une Agence Juive? Ne vaudrait-il pas mieux la remplacer par une agence nationale d’immigration qui pourvoirait aux besoins du pays et aux considérations humanitaires ? Ne devrait on pas permettre à toute personne dont le pays pourrait avoir besoin d’adhérer à la nation israélienne, sans distinction de religion. Aujourd’hui une personne qui voudrait construire son avenir au sein du peuple israélien est obligé de renier sa religion pour se convertir à une autre religion à laquelle beaucoup d’Israéliens n’y croient pas.
UNE NATION NORMALE
D’autres pays ont résolu ce problème en interdisant la mention dans tout document officiel, public ou confidentiel, la religion ou l’origine ethnique de ses citoyens.
Nous ne devons pas agir comme si nous étions différents du reste de l’humanité.
Nous vivons aujourd’hui dans un mélange de globalisation économique et social et de régionalisme culturel. Nous sommes déjà capables d’arrêter d’agir comme si nous étions une race à part, et devenir une nation normale dépourvue de ségrégation ethnique.
De toute façon, à terme, dans un avenir historique, une nation basée démographiquement sur une seule ethnie ou une seule religion ne pourra plus continuer de l’être et deviendra tôt ou tard pluri-ethnique.
Yigal Bin -Nun
L’auteur est un historien israélien et un chercheur dans l’historiographie des textes de la Bible.
Nath Manel Perrot a commenté un lien que Tribune Juive a partagé sur Facebook
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Nath a écrit : « Ou lala! quel melting pot notionnel! 😀 parler des Arabes et de leur apport, au même titre que celui des Chinois ou des Indiens!! Chaque peuple n’a pas apporté les mêmes choses, loin s’en faut…ensuite ces trois communautés, qui co-existent en France, notamment, ne s’aiment pas entre elles, et créent du communautarisme…faut-il s’en réjouir tant que ça? Ensuite, oui c’est « la meilleure chose » après l’autodestruction la plus terrible qu’ait connu la France notamment et l’Allemagne, depuis la première guerre mondiale, qui a laissé un déficit de population masculine notamment, donc de main-d’oeuvre, crucialement béant, d’où la nécessité d’un apport, d’une contre-partie étrangère issue du tiers-monde, pour répondre à l’attente de la construction d’une société compétitive basée sur le taylorisme, ma performance et le capitalisme outrés! Faut-il seulement se réjouir de cela pour l’Humanité en général?! Pour la france, on peut dire qu’elle ne s’est jamais réellement relevée de cette catastrophe que fut « la grande guerre », de tout ce gachis humain. Cela me fait un peu penser aussi à l’Afrique, et à son hémorragie démographique, due aux guerres tribales, certes, mais aussi et surtout à l’esclavage, qui l’a laissé sur le flanc. Pour ce qui est des Arabes « intégrés », minoritaires aujourd’hui, les plus éduqués pour la plupart, quoi que, on peut dire qu’ils ont pu apporter de bonnes et belles choses…mais pour l’immense majorité d’entre eux, restés trop incultes, hermétiques au changement de mentalité, conservatrice de moeurs très éloignées des nôtres, une ligne de tension persiste durablement entre leur culture et la notre, occidentale. Et même une ligne de fracture depuis les influences islamistes de tous bords…sans parler d’assimilation, dont le terme ne revêt pas que de bonnes choses, loin de là, l’intégration est de plus en plus un pari perdu…que va-t-il advenir de ces sociétés morcelées en de multiples communautés, plus ou moins imperméables et hostiles les unes aux autres? Qu’en est-il de la construction d’une commune identité? Du partage de valeurs communes inaliénables, démocratiques et républicaines? Car monsieur, ne l’oublions jamais, les Arabes sont un peuple dominant, poussés vers cela par le Coran lui-même, vecteur de conquête prosélyte, »fagocitrice »de toute autre identité cultuelle, qu’on le veuille ou non. Souffrant d’une sorte de complexe de supériorité, mêlé en cela de racisme, les Arabes sont loin d’établir un climat de paix en Europe, et plus généralement en Occident, actuellement!! Exit l’âge d’or andalou, et de sa belle collaboration culturelle inter-communautaire entre les trois religions monothéistes, les trois cultures les plus influentes à l’époque. A une époque où la régression règne et frappe partout, la quête identitaire pacifique, et la cohabitation communautaire, n’a jamais été aussi pénible en Europe, en Occident. Cohabiter, accepter l’autre sans perdre sa propre identité, se tolérer dans un mieux vivre ensemble, en respectant les particularités de chacun, mais aussi les grandes valeurs laiques communes, tel sera le bien grand et difficile défi que devra relever l’Europe (et l’Occident) de demain… »