Revue de la Presse Israélienne
du Service de presse et de la communication
de l’Ambassade de France en Israël
Semaine du 11 au 15 novembre 2013
ISRAËL APPLAUDIT LA POSITION FRANÇAISE
ET CRITIQUE L’ATTITUDE AMERICAINE ENVERS L’IRAN
L’absence d’accord entre les P5+1 et l’Iran après trois jours d’intenses négociations sur le dossier nucléaire iranien a fait la « une » de la presse israélienne ce début de semaine. Le positionnement de la France contre la signature d’un accord, qualifiée de « la plus radicale de l’Occident » par les Iraniens, a été accueilli extrêmement chaleureusement en Israël. La France est décrite par la presse comme celle qui a sauvé Israël et le monde d’un mauvais accord. Certains commentateurs ont estimé que la France s’était interposée à la signature d’un accord notamment pour défendre ses intérêts économiques auprès des pays du Golfe et décrocher des contrats pour sauver son économie en crise. Néanmoins, ils soulignent le fait que « les Français ne croient pas un mot du discours iranien » et font l’éloge d’une politique qui sort Israël de son isolement.
En parallèle, les médias ont évoqué la tension grandissante entre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et le secrétaire d’Etat américain John Kerry affichant leurs divergences d’opinion sur la question iranienne au travers de déclarations publiques interposées. La presse israélienne a, en outre, vivement critiqué l’attitude des Américains accusés de vouloir à tout prix signer un accord avec l’Iran, considéré comme mauvais par les Israéliens car il permettrait à l’Iran d’obtenir l’allègement des sanctions tout en poursuivant leur course au nucléaire. Netanyahu a affirmé qu’Israël rejetterait un tel accord et ne se considérerait pas lié par un tel accord.
LA LIGNE D’HOLLANDE
par ELI HAZAN – ISRAEL HAYOM
Dans le cadre des négociations avec l’Iran, les Etats Unis ont montré qu’ils étaient prêts à accepter des concessions capables de déstabiliser l’équilibre sécuritaire mondial, mais les Français ne comptent pas rester les bras croisés. Paris a courageusement tenté de s’interposer au discours iranien destiné à apaiser les angoisses occidentales d’une main tout en continuant à faire avancer le programme nucléaire d’une autre. La semaine prochaine, le Président français François Hollande se rendra en Israël et prononcera un discours à la Knesset, ce qu’Obama avait refusé de faire.
Le changement de la politique étrangère de la France a commencé sous l’ère du précédent gouvernement, celui de Nicolas Sarkozy. Mais la tendance s’est accentuée lorsqu’Hollande a pris le pouvoir, lors des élections de mai 2013. La situation actuelle nous rappelle une certaine époque de l’Histoire au cours de laquelle la France faisait partie de ces acteurs majeurs de la scène internationale. Le gouvernement actuel évoque celui de Charles de Gaulle à l’époque où les Français se positionnaient courageusement à l’encontre des régimes dictatoriaux qui bafouaient les droits fondamentaux et mettaient en péril la paix mondiale.
A l’époque du Rideau de Fer, de Gaulle avait positionné la France au centre de l’arène internationale, recherchant une indépendance politique face aux Etats-Unis et à l’Union Soviétique. Mais l’équilibre mondial a changé depuis la chute de l’URSS. La Russie soutient des états-voyous et les Etats Unis semblent être dans l’incapacité de les gérer. La France se positionne pour combler ce vide.
Les Iraniens se sont plaints de la position française. Les dirigeants iraniens ont accusé la France d’être « hostile et irresponsable ». La France s’est positionnée contre un gouvernement qui n’a pas seulement appelé à la destruction d’Israël mais qui incite également les clameurs populaires telles que «Mort à l’Amérique». La France s’est positionnée contre un pays qui spolie ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
La France a largement contribué à la création du jeune Etat d’Israël et fut à une époque notre plus proche allié. Jusqu’à ce que Charles de Gaulle décide de sacrifier l’Etat juif sur l’autel du pétrole et des intérêts politiques, ce qui illustre la gravité de la situation actuelle avec l’Iran.
Ceux qui critiquent l’échec de Netanyahu à engager des efforts diplomatiques avec l’Iran se trompent. Le monde entier ne soutient pas Israël. Même les Etats-Unis ont adopté une politique de conciliation. Mais lorsqu’une nation comme la France comprend, tout comme nous, la gravité du problème et prend des mesures actives, nous pouvons sentir que nous sommes en bonne compagnie. C’est ce qu’on appelle la sagesse française.
PERSONA NON GRATA
par GUY BECHOR – YEDIOTH AHARONOTH
Cela fait bien longtemps que la réputation des Etats-Unis au Moyen-Orient n’a pas été aussi médiocre, au point que le Secrétaire d’Etat John Kerry soit devenu persona non grata dans la plupart des pays de la région. Il ne s’agit pas seulement de la politique contestable du Président Obama, à cause de laquelle les amis des Etats-Unis semblent être devenus des ennemis, mais aussi de la personnalité de Kerry lui-même.
Il n’ose pas se rendre en Afrique du Nord, par peur évidente pour sa sécurité. En Arabie Saoudite et dans le Golfe, il est considéré comme une véritable menace pour la survie de leurs régimes et comme capable de les livrer à l’Iran. Il fit un bref passage en Egypte et s’en est échappé dès qu’il a pu. Le gouvernement turc n’est pas ravi non plus d’avoir à faire à lui après qu’il l’ait dénoncé à Assad. John Kerry n’est pas non plus le bienvenu parmi les Palestiniens. Se rendra-t-il à Gaza, dont il semble tellement se préoccuper, ou peut-être au Liban, ou en Irak ?
Il est vigilant quant à sa propre vie, mais il n’a aucun problème lorsqu’il s’agit de risquer la vie des Israéliens, qui d’après lui, devront passer le reste de leurs jours sous la menace du terrorisme arabe. L’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Turquie – les trois pays musulmans qui constituaient l’axe de fer des relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient – sont maintenant fous de rage et considèrent Kerry comme détaché de toute réalité. Kerry assure que les pays musulmans reconnaitront Israël après un accord de paix, mais ces pays ne reconnaissent pas Kerry lui-même.
Le plus surprenant est que Kerry n’est pas le bienvenu en Israël non plus. Qui aurait cru qu’il en soit ainsi, Israël étant l’allié le plus proche des Etats-Unis. Sa générosité sélective, ses sourires forcés, tout ceci a pu induire les Israéliens en erreur jusqu’ici, mais ce n’est désormais plus le cas.
Sa trahison envers Israël, lorsqu’il a conclu son accord avec le régime iranien et qu’il a « omis » de tenir Israël au courant des véritables détails jusqu’à la dernière minute ; son avertissement quant à une troisième Intifada comme s’il représentait à lui tout seul les Palestiniens ; son incompréhension affligeante des besoins existentiels d’Israël ; son arrogance et son dédain ; tout ceci a fait que sa réputation en Israël s’est effondrée. La stupéfaction du Premier ministre Netanyahu lors de leur dernière rencontre à l’aéroport en attestera, lorsque Kerry s’est hâté de prendre son avion sans même daigner être aperçu aux côtés de Netanyahu. Nous n’attendions pas des Etats-Unis qu’ils nous trahissent de la sorte, et a fortiori sur ce qu’on considère ici comme étant une question existentielle.
Il est aussi apparu que Kerry a soutenu des militant de la flottille de Gaza en 2009. Sa vision de notre région reste très détachée de la réalité. Il a publiquement dénoncé le tyran Assad et son régime pour ensuite aspirer à apaiser les tensions et faire la paix avec ce même régime en mettant de côté la menace qu’il représente.
Si Kerry a trahi Israël précisément au moment de vérité, comment pourrions-nous avoir confiance en lui à l’avenir ? Un tel homme peut-il faire office d’intermédiaire entre Israël et la Palestine ? Le gouvernement israélien pourrait bien se trouver prisonnier des Etats-Unis, et être obligé de poursuivre des négociations devenues grotesques. Mais l’opinion publique israélienne est lucide. Nous savons parfaitement qui représente un danger pour nous et qui est digne de confiance.
APPEL D’OFFRES POUR DES NOUVEAUX LOGEMENTS
DANS LES COLONIES ET AUGMENTATION
D’ACTES TERRORISTES ISOLES
Le vif débat sur la colonisation a refait surface cette semaine avec la révélation dans les médias de la publication par le ministère du Logement d’appels d’offres pour la planification de 23 000 nouveaux logements à travers toute la Cisjordanie, y compris dans la zone sensible dite E1. Selon la presse, le Premier ministre Netanyahu n’aurait pas été informé de la préparation de ces appels d’offres initiés par le ministre du Logement, Uri Ariel (Foyer Juif). La porte-parole du secrétariat d’Etat américain a indiqué que son pays avait été surpris par cette démarche d’Israël et attendait des explications. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmud Abbas, a prévenu qu’il mettrait fin au processus de négociations si Israël ne se rétractait pas.
Après avoir pris connaissance de ces appels d’offres, le Premier ministre Netanyahu a ordonné à Uri Ariel de les arrêter. S’exprimant devant la Knesset, mercredi 13 novembre, Netanyahu a déclaré que son gouvernement « a, depuis quelques mois, construit ou publié des appels d’offres pour des milliers de logements, (…) surmontant ainsi les pressions de la communauté internationale. Maintenant, il est inutile de rajouter des initiatives irréalistes qui portent sur un potentiel théorique de la construction, et nous poussent à un conflit avec la communauté internationale». Uri Ariel a réagi en disant qu’il s’agissait d’appels d’offres pour la planification seulement et non pas pour la construction de ces logements, celle-ci n’étant programmée que dans 7 ans.
Par ailleurs, cette semaine a également connu un regain de la violence entre Israël et les Palestiniens, avec l’assassinat d’un soldat de Tsahal par un adolescent palestinien armé d’un couteau dans un bus du nord d’Israël. Selon la presse, le jeune palestinien, habitant d’un village près de Jénine qui s’était infiltré en Israël, aurait voulu venger l’emprisonnement de deux de ses cousins en Israël (condamnés l’un pour meurtre d’Israéliens et l’autre pour tentative de meurtre). La presse note que cet attentat s’inscrit dans une série d’attentats récents, qualifiée par les forces de sécurité de cas isolés, mais dont le nombre et le caractère font craindre une nouvelle vague de terrorisme, voire une 3ème Intifada.
IL NE S’AGIT PAS D’UNE TROISIEME INTIFADA
par RON BEN YISHAI – YNETNEWS
Une vague de violence en provenance de la rue palestinienne s’est récemment abattue sur Israël. Le meurtre du soldat de Tsahal, Eden Atias, survenu à Afula ce mercredi est le dernier en date d’une série d’actes isolés qui inquiètent les officiels israéliens.
Il ne s’agit probablement pas de l’émergence d’une troisième intifada comme l’assurent les responsables de la sécurité intérieure et l’armée. Il ne s’agit pas là d’une vague de violence généralisée sur l’ensemble du territoire israélien impliquant une majorité de la population palestinienne et compromettant la sécurité d’une grande partie de la population israélienne comme ce fut le cas lors de la première et deuxième Intifada.
Les actes de terrorisme récemment perpétrés correspondent à deux formes de violence. La première, plus courante et répandue, est la «violence aveugle» pour les Israéliens, ou «résistance populaire», pour les Palestiniens. Il s’agit en général d’une série de provocations, de protestations, des jets de pierres et de cocktails Molotov, principalement dirigés a l’encontre de colons.
La deuxième forme de violence, plus tragique, est celle des assassinats ou tentatives d’assassinats perpétrés par des individus guidés par des motifs nationalistes ou émotionnels – comme ce fut le cas pour le soldat Eden Atias.
Aucune source officielle ou organisation terroriste n’a revendiqué ces attaques, alors que dans le cas des précédentes intifada, la violence aveugle et le soulèvement populaire avaient largement été incités par des fonctionnaires de l’Autorité Palestinienne.
Cependant, les incessantes déclarations d’officiels palestiniens exprimant leur rage et colère à l’encontre d’Israël pèsent sur la rue palestinienne et favorisent ce climat de « résistance populaire ». Mais ils ne sont pas les seuls à blâmer. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry aurait dû longuement réfléchir avant d’avertir publiquement le gouvernement israélien qu’une troisième intifada pourrait être déclenchée en cas d’échec des négociations. L’avertissement est certes légitime, mais l’exprimer publiquement ne peut qu’attiser le feu de la haine déjà incandescent.
LE MINISTRE ISRAELIEN NON-OFFICIEL DES COLONIES
EDITORIAL – HAARETZ
La question essentielle qu’il faut se poser au sujet du Ministre israélien Uri Ariel est celle de savoir quel est son vrai rôle au sein du gouvernement. Officiellement, il occupe la fonction de Ministre du Logement et de la Construction, mais il semble cependant investir beaucoup plus d’énergie dans son poste non-officiel : celui de Ministre des Colonies.
Nous avons appris mardi que le Ministère du Logement et de la Construction a lancé un appel d’offres pour la construction de 1,200 logements dans la partie Sud de la zone E1, près de la colonie de Ma’aleh Adumim. L’appel d’offre, lancé au moment où les pourparlers avec les Palestiniens avançaient au ralenti, fait partie d’une série d’appels d’offres qui sont supposés mener à la construction de 20,000 logements dans 23 colonies de Cisjordanie, dont le coût total serait de 50 millions de shekels.
La publication hâtive de ces appels d’offres n’est pas surprenante, d’après les objectifs et déclarations du Ministre Ariel. Il y a trois mois, il a annoncé qu’en Judée Samarie, et à travers tout Israël, des milliers de logements seront construits d’ici l’année prochaine : « il n’y a aucune région où nous ne construirons pas. Il n’est pas concevable qu’il y ait une région où l’on nous ordonne de ne pas construire ».
Qu’on se le dise, Netanyahu a stoppé la publication de l’appel d’offre E1 aussitôt qu’il en a été informé, mais cette mascarade, où Ariel joue le méchant et Netanyahu le gentil, ne pourra plus dissimuler la vérité encore longtemps. Et la réalité est que le Premier ministre
israélien permet à un représentant des colonies extrémiste d’occuper un poste qui revêt une sensibilité diplomatique cruciale. Cet élément à lui seul en dit long sur les motivations de ce gouvernement et de son leader.
Si Netanyahu est vraiment sérieux au sujet des négociations avec les Palestiniens, il se doit de destituer Uri Ariel de ses fonctions de Ministre du Logement et de la Construction et de le remplacer par quelqu’un dont les objectifs sont professionnels et non politiques.
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