Les droits de l'enfant : la Knesset crée une commission

Selon une étude publiée par le Conseil national pour l’enfant le mardi, le taux de maltraitance des enfants en Israël est plus élevé qu’il ne l’a jamais été. Produit d’une collaboration entre l’Université de Haïfa, le Centre Traiana pour l’étude de la société et le ministère de l’éducation, entre autres, l’étude a été menée sur l’ année scolaire écoulée auprès d’un échantillon national représentatif de 10.513 enfants, 8.239 dans le secteur juif et 2.274 dans le secteur arabe, âgés de 12,14 et 16 ans.enfant maltraité 1
L’étude est la première du genre en Israël, à examiner l’étendue du phénomène de la maltraitance des enfants avec un large échantillon de témoignages d’enfants eux-mêmes. La connaissance sur la maltraitance des enfants en Israël était jusqu’ici exclusivement fondée sur les informations émanant des cas signalés aux autorités.

Les généralités de cette étude

Dans le secteur juif, près de la moitié des enfants interrogés, 48,5%, ont indiqué qu’ils avaient subi un ou plusieurs types de violences. Ce rapport montre qu’il y a un écart extrêmement important entre le nombre d’enfants victimes de mauvais traitements connus des autorités et le nombre d’enfants qui ont indiqué directement qu’ils avaient été maltraités.
En 2012, les travailleurs sociaux ont signalé 48 992 cas de soupçons de maltraitance et de négligence sur des enfants et des jeunes, ce qui constitue 1,9% de tous les enfants d’Israël, contre les 48,5% des enfants qui ont déclaré être victimes d’abus dans cette étude.
Selon les données, les garçons sont plus susceptibles d’être la proie de violences physiques et psychologiques, tandis que les filles sont plus susceptibles d’être victimes d’abus sexuels et d’être exposées à la violence conjugale dans la famille.
Il a également été constaté que le taux de violence s’élève avec l’âge de l’enfant: 42,9 % des enfants de 12 ans ont déclaré qu’ils avaient enduré une violence, alors qu’ils sont 48,9% des 14 ans et 58% des 16 ans à le  faire.

Les violences physiquesenfant_maltraite

En termes de violence physique, 14,1% des enfants du secteur juif et 27,6 % du secteur arabe ont déclaré qu’ils avaient été frappés ou blessés physiquement. Dans 75,5 % des cas du secteur juif, la personne qui avait commis cette violence était un membre de leur famille et dans 13,3% des cas, l’enfant a indiqué que l’agresseur avait utilisé un objet tel qu’un bâton, un rocher, un pistolet ou un couteau.
48,9 %.d’entre eux ont du recevoir des soins médicaux suite à ces atteintes physiques.70,9% des enfants juifs qui avaient été physiquement blessés ont déclaré que cela s’est produit plus d’une fois.

Les abus sexuelsAbribus CG31.indd

Le second résultat de cette enquête est que 17,6 % des enfants du secteur juif et 22,3 % des enfants du secteur arabe ont été victimes d’abus sexuels. Environ 8,3 % des enfants juifs et 11,8 % des enfants arabes ont subi un préjudice sexuel grave. Parmi les enfants qui ont été victimes d’abus sexuels, 46,5% du secteur juif et 49% du secteur arabe ont indiqué que la violence a eu lieu plus d’une fois , et la plupart d’entre eux ont également mentionné qu’elle s’était poursuivie au cours de l’année écoulée . Par ailleurs, la grande majorité a indiqué que leur agresseur était un homme et plus du tiers des enfants maltraités a dit que cela s’était passé au sein de leur famille.

Les enfants négligés

Enfin, l’étude s’est également penchée sur le problème de la négligence et a constaté que 14,3% des enfants du secteur juif avait connu une certaine forme de négligence physique, allant de situations dans lesquelles un enfant n’avait rien à manger ou pas de vêtements propres à porter jusqu’à des situations où il n’y avait personne pour s’occuper de lui, le protéger ou l’emmener chez le médecin.
Dans le secteur arabe, 33,4 % des enfants ont déclaré avoir déjà été physiquement négligés.
Près de 30% de ces enfants ont déclaré que la négligence a finalement conduit à une maladie. Il a également été noté que les garçons risquent plus de souffrir de la négligence physique que les filles.

Les sévices émotionnels

Sur le plan émotionnel, 27,8% des enfants juifs ont indiqué qu’ils avaient été traités de tous les noms par des adultes dans leur famille ou qu’ils s’étaient sentis indésirables ou détestés par leurs parents, et 15,2 % ont déclaré avoir été victimes de négligence affective. Parmi les enfants arabes, 40,1% ont été blessés émotionnellement et 22% ont été émotionnellement négligés.

Les réactions des enfants face à la violenceenfant maltraité 2

L’étude a également montré que dans la plupart des cas, les enfants ont peur et honte de dénoncer la violence, et que quand ils le font, ils préfèrent parler à la famille ou à des amis, mais pas à des professionnels.
Selon ces chiffres, dans le secteur juif, 68,2% des enfants qui ont été abusés sexuellement l’avaient signalé à quelqu’un de même que 63,5 % des enfants qui ont été agressés physiquement. La majorité des enfants arabes a également signalé les abus.
Les trois principales raisons pour lesquelles un enfant choisit de ne pas signaler un abus, selon le rapport, sont la honte, la peur et la crainte de nuire à quelqu’un d’autre.
Pour ceux qui choisissent des violences subies, les trois principaux facteurs qui les ont encouragés à le faire étaient le désir de voir l’agresseur puni, l’impossibilité de résister à la douleur et la peur que la violence ne s’arrête pas.
La plupart des enfants qui ont déclaré la violence subie ont dit qu’ils l’ont fait eux-mêmes, mais plus la blessure est grave, plus les enfants sont susceptibles de le signaler via un appel téléphonique, un SMS ou Internet.

Conséquences immédiates à la Knesset

Cette étude a suscité un tollé à la Knesset où les députés ont approuvé  en première lecture, une proposition de loi visant à créer une commission pour les droits de l’enfant .
«Le phénomène est devenu un véritable fléau», a déclaré la présidente de la commission , Orly Levy-Abekasis (Likoud – Beitenou ). «Toute la société israélienne doit se réveiller. La première étape vers le changement est de nous  regarder dans le miroir et admettre que nous avons un problème. »
Mme Pnina Tamano – Shata de Yesh Atid a déclaré que les résultats « doivent secouer toute la société israélienne. Il aurait fallu que ce soit l’Etat, et non une structure privée, qui commande et finance cette étude. »
« Les données publiées sont terribles et choquantes», a déclaré Orit Sulitzeanu , directrice de l’ Association des centres d’urgence destinés aux personnes victimes de viol en Israël . «Dans les centres d’urgence, nous rencontrons tous les jours  ces enfants qui ont grandi : hommes et femmes qui ont été agressés sexuellement dans leur jeunesse et, qui depuis, luttent  pour faire face à un traumatisme qui est trop difficile à supporter. L’agression sexuelle provoque des changements dans le comportement de l’enfant. La mère , un enseignant ou toute personne en contact  régulier avec l’enfant sera en mesure de discerner ces changements. Elle pourra alors aider l’enfant. »
Line Tubiana

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