L’ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, condamné de manière définitive à un an de prison, affirme que ses enfants “se sentent comme les juifs sous Hitler”, dans un livre à paraître bientôt.
“Mes enfants disent qu’ils se sentent comme devaient se sentir les familles juives en Allemagne sous le régime d’Hitler. Nous avons vraiment tout le monde contre nous”, a-t-il dit dans ce livre du journaliste Bruno Vespa.
Le Cavaliere, 77 ans, a été condamné de manière définitive le 1er août à un an de prison pour fraude fiscale et en octobre à deux années d’interdiction de toute fonction publique par une cour d’appel, une décision contre laquelle il va se pourvoir en cassation.
Le Sénat doit par ailleurs débattre à la fin du mois sur sa déchéance en tant que sénateur à la suite de la condamnation définitive. Silvio Berlusconi y voit le signe de l’acharnement de “magistrats de gauche” qui tentent, selon lui, depuis 20 ans de l’éliminer de la scène politique et sont sur le point de le faire exclure du Parlement.
Il a par ailleurs résolument écarté la possibilité de partir vivre à l’étranger, se disant “à 100% Italien”.
“Je suis Italien à 100%. J’ai mes racines en Italie. J’ai fait ici l’entrepreneur, l’homme du sport, le dirigeant politique. C’est mon pays, le pays que j’aime et dans lequel j’ai tout: ma famille, mes amis, les entreprises, la maison. Je n’envisage même pas la possibilité de quitter l’Italie”, a-t-il dit.
L’ ITALIE EST UNE DÉMOCRATIE
Son commentaire sur les juifs a immédiatement suscité de nombreuses réactions négatives de la gauche et de l’Union des communautés juives italiennes.
“L’Italie républicaine est une démocratie. L’Allemagne nazie était une dictature sans pitié dirigée par des criminels qui ont théorisé et commis les plus graves crimes contre l’humanité. Les nazis se sont acharnés contre les juifs avec une cruauté sans pitié de sorte qu’à la fin de cette tragique période les juifs ont eu plus de six millions de morts”, a déclaré Renzo Gattegna, président de l’Union des communautés juives italiennes.
“Toute comparaison avec les affaires de la famille Berlusconi est donc non seulement inappropriée et incompréhensible mais représente une offense à la mémoire de ceux qui furent non seulement privés de tout droit, mais qui, à l’issue d’incroyables souffrances, furent même privés de la vie”, a conclu M. Gattegna.
“Berlusconi devrait avoir honte et demander pardon pour avoir fait cette comparaison”, a déclaré quant à lui Emanuele Fiano du Parti démocrate (PD), principale formation de la gauche.
ACHARNEMENT JUDICIAIRE
A la décharge de Berlusconi, il faut quand même dire que l’acharnement judiciaire qu’il a subi s’est apparenté beaucoup plus à une charge furieuse inspirée par le mépris voire la haine qu’à la recherche de la vérité et de la justice.
Il y a en Italie beaucoup d’électeurs qui se sentent proches de Berlusconi. Ils ont été séduits par sa réussite d’homme d’affaires, par les succès de son équipe de football, l’ Ac Milan, par les vues claires de l’homme politique qui a voulu desserrer les liens entravant l’économie italienne. Le Peuple de la Liberté, ” Il Popolo della Libertà” , son parti représente encore les chefs d’entreprise, les amoureux de l’initiative privée et les contempteurs d’une société caporalisée prônant un assistanat généralisé.
Berlusconi ne s’est pas aidé en participant à des débordements sexuels tarifés (les banga banga comme il les appelait) mais l’histoire de tous les pays à toutes les époques fourmille d’histoires analogues. On a voulu l’abattre et il semble bien que l’opération soit quasiment réussie .
Berlusconi, ses enfants se sentent méprisés et harcelés comme les juifs italiens sous Hitler. Il aurait dû dire sous Mussolini mais il ne voulait pas fâcher ses alliés fascistes.
André Mamou avec AFP
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