La France s’éteint…

Franz-Olivier Giesbert en est resté bouche bée.

Lui qui avait bien préparé son affaire, voilà que son émission partait dans le sens contraire à celui qu’il avait manifestement prévu. Cela s’est passé jeudi soir au cours de l’émission de la Cinq, les grandes questions.
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Notre présentateur interroge Cécilia Attias, ex-Mme Sarkozy. Tout le monde sait que l’ex-première dame de France est née d’un père d’ascendance mi-juive mi-gitane, émigré russe, et d’une mère catholique espagnole. N’a-t-elle pas elle-même déclaré un jour ne pas avoir une seule goutte de sang français dans les veines ? Tout le monde sait qu’elle a préféré partir vivre aux Etats-Unis plutôt que de rester en France. C’était l’occasion rêvée ou jamais de faire bondir l’audimat en l’opposant au philosophe Alain Finkelkraut qui présentait son dernier livre paru « l’identité malheureuse ».
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Surprise ! L’émission prend un tour imprévu lorsque Cécilia répond à Franz-Olivier Giesbert. Ses mots sont simples, ordinaires ; c’est du banal mais du simple bon sens. Oui, elle se sent française, tout à fait française. Elle est née en France, elle a grandi dans la culture française. Non, elle ne s’est pas américanisée mais elle s’adapte à son nouveau milieu sans renoncer à ce qu’elle est. De même, quand elle se rend dans les pays de Golfe, elle est française mais se voile, par correction, pour se conformer aux traditions du pays. Elle se dit assez proche des idées d’Alain Finkelkraut et trouve extravagant le comportement des islamistes qui revendiquent le port du voile dans une France qui pourtant les accueille. Le visage habituellement crispé d’Alain Finkelkraut se détend, surpris qu’il est de cette aide inattendue. Lui dont la vérité ne se dit que dans des grandes phrases à n’en plus finir, voici que tout était dit, sans prétention, en quelques mots simples.
Il faut apprendre à s’adapter dans le pays dans lequel on est, ou alors, on vit à part, on ne s’intègre pas. Sans ça, ce n’est qu’une juxtaposition. Il faut trouver des solutions sur les problèmes de l’identité nationale. Ce n’est pas un problème de l’extrême droite.

MUETTE ET SANS AMBITION

Et puis, le choc, et c’est Cécilia Attias qui, sans en avoir l’air, le donne.

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Cécilia Attias

La France va mal. Elle est devenue muette et sans ambition. Vue de loin et avec le recul qui est le mien, on a vraiment l’impression, aujourd’hui, que la France, tout doucement, s’éteint, qu’elle ne défend plus ses valeurs ni son identité.

Je ne suis pas fan de Madame Attias ni crédule au point de ne pas voir dans cette émission une opération marketing. Je retiens pourtant deux choses : un, l’expression « La France s’éteint », deux, l’absence de proposition claire pour résoudre le problème de l’identité nationale.

1-LA FRANCE S’ETEINT

Dans l’émission précédente, comme par hasard, Jean D’Ormesson venait juste de déclarer que l’Histoire ne retiendra probablement de la France du XXème siècle que deux phénomènes, De Gaulle et la fin de l’empire colonial français. Une épopée portée, hier, aux nues, mais aujourd’hui vilipendée alors que nombre de descendants des anciens colonisés n’aspirent qu’à un passeport pour venir en France, véritable paradoxe selon le philosophe. La France ne croit plus en elle explique Madame Attias. Vieillards fatigués, les Français n’ont plus le goût du risque et ne cherchent plus à entreprendre.

Madame Attias exagère. Dans le cas de l’intervention au Mali, il faut reconnaître à l’armée française, digne héritière du passé, qu’elle est toujours et encore le flambeau de notre identidé nationale et le modèle d’une intégration réussie. C’est elle qui rend encore à ce jour notre parole crédible à l’étranger et qui nous fait exister en tant que nation dans le monde. Mais demain, à cause d’un problème de sous, j’en doute. La France ne risque-t-elle pas de s’éteindre alors définitivement ?

 2- LE PROBLÈME DE L’IDENTITE NATIONALE

Où est le problème ? Je prends un exemple. L’autochtone européen qui s’inscrit dans l’héritage de ses valeurs chrétiennes ne peut pas, moralement, empêcher une famille musulmane sincère immigrée d’élever ses enfants dans la religion coranique. Ce serait l’amputer de son identité d’autant que l’autochtone maintient ce droit pour les siens. Le problème est qu’en prenant à la lettre les préceptes des uns et des autres, il y a et il y aura forcément source de conflits, ne serait-ce que dans le prosélytisme.

Alain Finkielkraut
Alain Finkielkraut

Alain Finkelkraut n’y a pas pensé, mais selon la formule consacrée, c’est écrit. Il est écrit et personne ne peut aller contre. La recherche historique avance telle une science qui s’approfondit sans cesse grâce au travail des chercheurs. Et cet approfondissement conduit inexorablement à montrer d’une façon on ne peut plus claire que rien ne descend du ciel, ni Jésus, ni le Coran. Nous sortons là du champ des querelles religieuses et de l’exégèse. Nous revenons dans le champ de la vérité historique et scientifique que, d’ailleurs, notre humanité n’aurait jamais dû quitter.

Bien évidemment, il ne s’agit pas de dénigrer l’histoire passée des uns comme celle des autres mais de relativiser les enseignements et les valeurs que nous avons reçus de ces époques révolues.Démystifiée et démythifiée, la religion telle qu’elle est encore pensée ne pourra plus être l’obstacle majeur qu’elle est actuellement à l’intégration, sauf mauvaise foi. Libéré de toute contrainte religieuse venant du ciel, l’effort d’adaptation des nouveaux venus sera beaucoup plus facile et l’harmonisation des nouvelles générations se fera au sein de l’école.
Source : AGORAVOX  – E. Mourey, le 18/10/2013

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