L’Austro-américain Martin Karplus,
qui a reçu mercredi le prix Nobel de chimie,
fait partie des Juifs qui ont échappé à la Shoah
en fuyant l’Europe pour les Etats-Unis,
révèle son autobiographie.
Né à Vienne en 1930, il a évité de peu huit ans plus tard la mainmise des Nazis sur l’Autriche, annexée par le Troisième Reich, a-t-il raconté dans un long article publié en 2006 par l’Annual Review of Biophysics and Biomolecular Structure.
Il y décrit la montée de l’antisémitisme avant même l’arrivée des Allemands, ressentie par lui et son frère jusque dans les attitudes de leurs camarades en cour de récréation.
« Au printemps 1937, ils ont soudain refusé d’avoir affaire à nous et ont commencé à nous embêter en nous appelant ‘sales Juifs’ alors que nous continuions, bêtement, à essayer d’être avec eux », écrit-il.
En mars 1938, à l’arrivée des troupes allemandes, leur mère réussit à les emmener en Suisse. Mais il se dit encore « traumatisé » en se souvenant que son père fut alors mis en prison à Vienne.
« On le gardait comme otage en partie pour que l’argent que nous avions ne soit pas sorti du pays », selon M. Karplus.
Sa mère décida de prendre un billet sur un transatlantique qui devait partir du Havre, sans avoir de nouvelles du père. Et « il se montra miraculeusement au Havre quelques jours avant le départ prévu de notre bateau, l’Île de France, pour New York ».
Le fils apprendrait plus tard qu’un oncle avait versé une caution de l’équivalent de 5.000 dollars pour obtenir sa libération.
Les Juifs restés en Autriche eurent rarement autant de chance. « Comme le dit l’histoire, beaucoup n’ont pas pu partir et sont morts dans des camps de concentration », constate le prix Nobel.
Martin Karplus allait se révéler un génie des sciences, depuis son doctorat à l’université Caltech à seulement 23 ans, jusqu’aux avancées sur la modélisation des réactions chimiques qui lui ont valu la consécration suprême à 83 ans.
AFP
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