Extraits d’un article de Zvi Mazel,
ancien Ambassadeur d’ Israël en Égypte et analyste inspiré et lumineux.
Ils sont nombreux en Occident à se voiler la face et à croire contre toute évidence que les Ayatollahs accepteront en dernière analyse de changer de cap et de se transformer en adeptes de la démocratie et des droits de l’homme. C’est impossible pour deux raisons majeures. La première est bien évidemment le fanatisme idéologique du régime Chiite. La seconde, les sommes astronomiques investies dans le programme nucléaire et le terrorisme mondial.
Le régime iranien repose sur la doctrine de l’Ayatollah Khomeini, l’homme qui a déclenché la révolution islamique en Iran en 1979, en a jeté les bases et les a léguées à Khamenai son successeur. Quels sont les deux points essentiels de cette doctrine ? Tout d’abord c’est une autorité religieuse – velayat-e faqih –qui doit se trouver à la tête du pays ; ensuite la révolution islamique se doit d’être permanente.
Ce sont aujourd’hui encore les piliers idéologiques sur lesquels repose le régime. Le Guide Suprême de l’autorité religieuse n’est pas nécessairement la plus haute personnalité religieuse du pays mais doit être un imam. Il est au dessus du président et du parlement élus par le peuple. Il est assisté par le Conseil des Gardiens chargé d’assurer que la législation respecte scrupuleusement la Charia.
LA RÉVOLUTION PERMANENTE
La notion de révolution islamique permanente signifie non seulement que l’Iran doit être à jamais dirigé par une autorité religieuse mais encore que le modèle iranien d’Islam chiite doit être « exporté », dans un premier temps dans les pays du Moyen Orient puis aux Etats Unis, symbole de la décadence de l’Occident et toujours qualifié de « Grand Satan ». Paradoxalement le terme de révolution permanente est « emprunté » à Trotski, qui estimait qu’il ne suffirait pas de faire de la Russie un pays communiste, il fallait exporter cette idéologie dans le monde entier ; autrement pensait-il, si la Russie devenait seule communiste, elle ne pourrait tenir face à un monde hostile et le régime finirait par s’écrouler. Khomeini était arrivé à la même conclusion pour la révolution islamique chiite qu’il mettait en place dans un monde arabe majoritairement sunnite. C’est pourquoi dès 1982 il s’employa à la création du Hezbollah, fer de lance de son implantation dans la région et menace sur la frontière nord d’Israël.
Cependant c’est sur le nucléaire que Téhéran table pour assurer la victoire de l’Iran et frapper de terreur ses voisins sunnites tels l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe mais aussi pour exporter la révolution. Le programme nucléaire mis en route par le Chah avait été abandonné par Khomeini dans les premiers temps ; l’Occident avait en effet arrêté sa collaboration et Khomeini n’était pas sûr que son pays en avait besoin.
PROGRAMME NUCLÉAIRE LE PLUS GRAND DU MONDE
C’est l’utilisation par Saddam Hussein de l’arme chimique contre l’armée iranienne qui le fit changer d’avis. Les Ayatollahs décidèrent que la possession de l’arme nucléaire était nécessaire pour protéger et développer leur révolution. Le programme nucléaire de l’Iran est probablement le plus grand au monde. Il faut ajouter les missiles capables de porter des ogives nucléaires jusque dans les capitales européennes aujourd’hui et bientôt en Amérique.
Il faut bien voir que le coût combiné du programme nucléaire, des Gardiens de la Révolution, des Basijis, de l’assistance au Hezbollah et au Hamas et du financement de la terreur à travers le monde a atteint un niveau proprement monstrueux ; il est estimé par certains à des centaines de milliards de dollars au cours des dernières décennies. Malgré les revenus considérables tirés du pétrole, il ne restait pas grand-chose pour le développement du pays.
Le régime des Ayatollahs est tout entier tourné vers la survie et le développement de la révolution islamique à travers le monde. Il est donc incapable d’abandonner son programme nucléaire devenu la pierre angulaire de sa politique. Sans la menace nucléaire le pays perdrait son influence à l’étranger. Les Ayatollahs devraient alors expliquer au peuple le manque de développement économique et l’absence de droits de l’homme. Ils devraient surtout rendre des comptes sur le gaspillage effréné des ressources du pays. Ce serait le commencement de la fin pour la révolution islamique.
CEUX QUI NE VEULENT PAS VOIR
Le premier ministre israélien qui connaît bien la réalité iranienne a tenté d’en convaincre le président Obama et les Nations Unies. Ruhani a beau tenir des propos conciliants, il n’a aucunement l’intention de dévier de son objectif. Malheureusement l’Occident n’a pas envie de se lancer dans une nouvelle confrontation et veut croire aux propos « modérés » du nouveau président iranien. C’est la dessus que compte Téhéran, qui se moque de l’Occident depuis quinze ans tout en faisant semblant de négocier de bonne foi. Pour paraphraser les paroles du prophète Jérémie, il n’y a pas plus aveugles que ceux qui ne veulent pas voir.
Zvi Mazel
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