J’ai trop d’estime et d’affection pour le nouveau président du CRIF, Roger Cukierman pour ne pas lui avoir dit que j’avais trouvé un peu court le communiqué publié cette semaine par son organisation.
Je comprends que celle-ci ait pu se dire «déçue» par les déclarations controversées de François Fillon.
J’ai moi-même écrit dans ces colonnes, la semaine dernière, qu’il n’était pas la peine d’avoir critiqué Sarkozy et Copé au sujet de leur attitude envers le Front National si c’était pour aller quelques semaines plus tard plus loin qu’eux.
J’ai été également bien seul dans la presse française pour m’étonner que l’ancien premier ministre, jusqu’à peu si vétilleux sur les fréquentations de ses amis politiques, ait cru devoir rencontrer récemment à Beyrouth un membre du Hezbollah.
Je n’ai pas été non plus très accompagné lorsqu’il s’agissait de défendre mon amie Jeannette Boughrab, alors ministre, savonnée à Matignon pour avoir osé suggérer qu’un islamiste modéré n’était qu’un oxymore.
Et j’avoue encore n’apprécier qu’avec une extrême modération que le même donne, du Moscou de Poutine, des leçons d’indépendance au gouvernement de la France.
Voilà qui ressemble effectivement au discours de politique étrangère de Marine Le Pen et de certains de ses amis les moins décoratifs.
Mais ayant écrit cela, je veux écrire ici tout aussi fermement que l’organisation représentative de la communauté juive ne doit plus renouer avec cette hémiplégie intellectuelle et morale qui lui a autrefois tant coûté.
Comment pouvoir, en conscience, morigéner Fillon pour une petite phrase absconse et épargner une union de la gauche gravée dans le marbre et scellée dans les urnes ?
Me faut-il donc rappeler, une nouvelle fois, que c’est M. Le Hyaric, directeur de l’Humanité, organe du PCF -allié du PS- qui, lors du discours de clôture de la fête du même nom de 2012, a célébré devant la foule celui qui avait été condamné pour avoir tenté d’assassiner un grand rabbin ?
Me faut-il donc rappeler, une nouvelle fois, que c’est Jean-Luc Mélenchon, du Front de gauche -allié du PS-, admirateur éploré de feu Chavez, qui déclarait il y a peu que M. Moscovici « pensait finance internationale ». Mon esprit est impuissant à imaginer ce qu’auraient été les réactions de la classe médiatique si Marine Le Pen avait tenu les mêmes propos.
Me faut-il donc rappeler, une nouvelle fois, que ce sont les Verts de Mme Duflot -alliés du PS- qui se montrent les plus compréhensifs envers le boycott illégal des produits de l’État juif et qu’un article du Monde (22 mars 2012), publié lors de l’affaire Meyrat révélait que certains, au sein du parti pseudo écologiste, n’avaient pas beaucoup apprécié l’excès de compassion dont avait fait montre Eva Joly au lendemain du massacre dans l’école juive… Rien que cela.
La communauté juive de France organisée a trop payé le prix de ses errements passés, en matière d’immigrationnisme incontrôlé ou de sous-estimation des dangers de l’islamo-gauchisme pour manquer de mémoire et d’équilibre.
L’actuel président du CRIF, qui sut, lors de son précédent mandat, admonester le front « rouge-vert-brun » au grand dam des chaisières de la pensée conforme, le sait aussi bien que moi.
par Gilles William Goldnadel,
Président de France-Israël et d’Avocats Sans Frontières
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