L’isolement d'Israël sur le dossier iranien

bandeau photo revue de presse

Semaine du 30 septembre au 4 octobre 2013

Régional - copie

Dans la presse israélienne, cette semaine a de nouveau été marquée par les suites de l’offensive de charme iranienne à l’AGNU et par la réaction israélienne à ce qui semble désormais être considéré comme un tournant dans les relations entre l’Iran et l’Occident. La presse s’est principalement focalisée sur deux évènements majeurs, liés tous deux à la visite de Binyamin Netanyahu aux Etats-Unis : sa rencontre avec le président Obama et son discours devant l’AGNU.
Les médias ont rapporté que, malgré la conférence de presse qui a suivi l’entretien entre Netanyahu et Obama au cours de laquelle les deux leaders avaient l’air de s’accorder sur le dossier du nucléaire iranien, en coulisses, il y aurait de profonds désaccords entre la politique israélienne et américaine. Selon ces informations, Netanyahu craindrait que l’ardeur américaine pour éviter une intervention militaire qui pourrait mettre fin à la crise iranienne ne se traduise par un accord partiel qui permettrait à l’Iran de poursuivre son programme nucléaire militaire. A la différence du président américain, il insiste sur un démantèlement total du programme nucléaire iranien, y compris le civil, et sur le transfert de l’uranium déjà enrichi vers l’étranger.
Lors de son discours à l’AGNU, mardi 1er octobre, le Premier ministre a passé en revue l’histoire de la politique iranienne visant à tromper le monde sur le nucléaire, et dans laquelle Rohani lui-même avait rempli un rôle clé. Il a appelé la communauté internationale à ne pas lever les sanctions pendant le déroulement des négociations, et même de les durcir si l’Iran continuait à avancer dans son programme. Enfin, il a rappelé qu’Israël n’hésiterait pas à agir seul pour défendre son existence, et par là même celle du reste du monde.
Si la majorité des commentateurs israéliens – même ceux qui d’habitude sont très critiques vis-à-vis de Netanyahu– ont félicité le Premier ministre pour un discours convaincant, posé et dépourvu de la passion qui caractérise habituellement ses apparitions publiques, ils ont
néanmoins déploré un discours intervenant trop tard, à la clôture de l’AGNU et bien après que l’offensive de charme iranienne ait fait son effet. Ils ont ainsi averti que malgré la justesse des propos du Premier ministre, sa position risquait d’isoler Israël en faisant du nucléaire iranien un problème uniquement israélien.
Enfin, certains commentateurs ont soutenu qu’à l’instar des Américains, Netanyahu aurait dû faire un pas envers les Iraniens et même inviter Rohani à se prononcer devant la Knesset. Si les Iraniens avaient répondu par la colère, Israël serait apparu comme pacifiste et cela aurait alors permis d’exposer le vrai visage des iraniens. Ainsi, l’Etat hébreu aurait eu plus de légitimé pour exiger une action commune contre l’Iran.

SONDAGE ISRAËL HAYOM DU 04/10/13

65.6% DES ISRAELIENS FAVORABLES A UNE ACTION INDEPENDANTE

D’ISRAEL CONTRE L’IRAN – SI NECESSAIRE

Avez-vous apprécié le discours de Netanyahu à l’ONU ?
51,4% Oui
10,9% Non
37,7% Ne savent pas
Pensez-vous que l’Iran ait l’intention d’arrêter le développement de son programme nucléaire militaire ?
6,6%    Oui
84%      Non
9,3%     Ne savent pas
Êtes-vous favorable à la déclaration de Netanyahou selon laquelle Israël pourrait attaquer
seul l’Iran ?
65,6% Oui
21,8% Non
12,5% Ne savent pas
Le Président américain Barack Obama a promis qu’il consulterait Israël sur toutes les
questions concernant le dossier iranien. Croyez-vous en ses promesses?
38,4% Oui
46,9% Non
14,7% Ne savent pas

Netanyahu arrivant à New York  Caricature de Shlomo Cohen dans Israel Hayom
Netanyahu arrivant à New York
Caricature de Shlomo Cohen dans Israel Hayom

TOUT OU RIEN

par ARI SHARVIT– HAARETZ

Le discours du Premier Ministre Benjamin Netanyahu hier soir à l’Assemblée Générale des Nations Unies a été très différent des discours précédents. Il manquait de sens critique, de stratégie et d’élan. L’argumentation était pertinente et factuelle. Toute passion a été tenue à l’écart. Il était clair que le chef d’état israélien s’adressant à une assemblée éparse, et à une opinion américaine déchue, était un homme triste. Une fois de plus, Bibi disait la vérité. Une fois de plus, Bibi analysait la situation stratégique de façon précise. Mais cette fois il n’avait même pas l’espoir qu’on l’écoutait. Il n’a même pas tenté d’émouvoir l’audience ni de la conquérir. D’un ton presque sombre il a dit ce qu’il avait à dire à un monde qui refusait de l’entendre.
Netanyahu est arrivé très tard aux Nations Unies – après que le Président Iranien Hassan Rohani ait pris ses marques, après que la communauté internationale ait choisi de le croire, après que les Etats-Unis aient plongé dans une crise nationale. Et c’est ainsi que Netanyahu apparut sous un jour si différent du Netanyahu d’avant.
Alors que la polémique du « attaquera-t-il/n’attaquera-t-il pas » semble s’être dissipée, il n’est désormais plus pris au sérieux. Alors que le sourire de Rohani lui a volé la vedette, Netanyahu est devenu la nouvelle cible de l’Assemblée. Même ses amis républicains sont préoccupés par des questions décidément non-Churchilliennes. C’est sans parler de ses adversaires démocrates. Et sans parler des Européens, des Russes et des Chinois. Seuls les Arabes sunnites restent du côté du Premier Ministre Israélien. Seuls ses voisins pro- Américains consternés par les Etats-Unis comprennent l’angoisse existentielle de Bibi causée par l’Iran.
Ne vous y perdez pas : le discours sans surprise de Netanyahu cache de grandes tensions. L’intrigue ne faiblit pas, elle se complique. Pour Netanyahu, c’est tout ou rien. Soit un véritable accord avec les Iraniens, soit une action de la part d’Israël. Il n’y aura pas d’accord partiel, a précisé le Premier ministre d’Israël. Soit la communauté internationale met l’Iran au pied du mur, soit Israël frappera. Crédible ou pas, la menace de l’armée israélienne a fait son retour à New York hier. La saga iranienne recommence.
Un des moments forts du discours de Netanyahu fut une citation du prophète Amos qui vivait jadis à Zion : « Et je les implanterai sur leurs terres afin qu’ils n’en soient plus jamais déracinés ». Lle peuple d’Israël est rentré chez lui pour ne jamais en ressortir, répéta Netanyahu et il pesait bien chaque mot. Tout ou rien, dit-il. Tout ou rien.
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