Festival de Haïfa : Peter Greenaway et ses courts sujets

Peter Greenaway, le réalisateur britannique, était la semaine dernière l’invité spécial du 29ème Festival International de Haïfa pour « Short and Sweet », présentation d’une sélection de ses courts métrages, et pour la première de son dernier film, « Goltzius et la société Pélican », qui retrace le destin du graveur et peintre hollandais du 16ème siècle. peter greenaway
Peter Greenaway a tourné de nombreux longs métrages : « La ronde de nuit » ; « Triple assassinat dans le Suffolk », « Meurtres dans un jardin anglais », et « Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant ». Ses films sont des puzzles intellectuels et des festins visuels qui sont souvent en prise directe avec l’art. La Ronde de nuit, par exemple, relate une période de la vie de Rembrandt et examine comment il a composé une de ses toiles les plus célèbres.
Il a commencé sa carrière de réalisateur dans les années soixante en faisant ses propres courts-métrages autofinancés. Mais en dépit de son succès en tant que réalisateur de longs métrages, Greenaway continue à faire des courts métrages, et a expliqué pourquoi: « Les courts métrages … des moyens plus inventifs de faire des films, sans les problèmes d’argent de la production de longs métrages. Plus une production est chère, plus elle devient impersonnelle. ». la ronde de nuit
Sur un tout autre plan, les courts métrages, « se prêtent à une masse d’expérimentations ». Peintre de formation, Greenaway estime que travailler dans le milieu des courts métrages l’a aidé à se sentir relié à ses racines, les beaux-arts.
Peter Greenaway a beaucoup réfléchi ces derniers temps sur la manière dont la technologie va influencer l’avenir des films, et pendant Short and Sweet, ce problème était très présent à son esprit : l’ordinateur sur lequel ses films étaient stockés a eu un bug…. »Maintenant vous comprenez pourquoi le cinéma est en train de mourir», a-t-il dit, en plaisantant.
Après la résolution de cet incident technique, pendant la projection de ses courts-métrages, Greenaway a expliqué comment ils illustrent ses théories sur l’avenir du cinéma, exemples à l’appui. meurtres dans jardin
Dans un film commandé par un musée du design à Milan, l’écran est divisé en panneaux de formes différentes. Différentes images étaient projetées sur ces panneaux, des motifs, des versions animées de peintures de la Renaissance, et des photos de gens qui marchent. C’est une illustration de ce que pourrait être le cinéma, débarrassé de ses « quatre tyrannies» : le cadre, le texte, les stars et la caméra.
« Le cadre pourrait être remplacé par des écrans multiples ….Nous ne voulons pas d’un cinéma basé sur du texte …Nous voulons un cinéma basé sur l’image …. Mais la plupart des gens sont visuellement analphabètes. …Le cinéma classique est un esclave de la littérature » Et il souhaiterait que cela change.
En ce qui concerne les acteurs, « le cinéma n’est pas un terrain de jeu pour Sharon Stone  » et dans l’avenir, il espère que les acteurs conventionnels évolueront aussi bien que le « phonographe et la machine à écrire ». Quant à la caméra, « c’est un objet stupide qui ne reproduit que ce que vous mettez en face de lui » et il espère que la révolution numérique permettra de faire des films proches de la peinture.
La présentation de « Goltzius et la société Pelican » lui a permis de continuer à développer son idée du cinéma. Il a comparé l’époque à laquelle vivait l’imprimeur Goltzius, quand la presse était une nouvelle technologie révolutionnaire, à l’instant présent où la technologie évolue si vite. goltzius
«Il y avait alors un manque de confiance culturelle, exactement comme actuellement, ce qui en fait une période très intéressante », a-t-il dit. Poursuivant la métaphore, il a décrit comment les premières presses ont souvent été utilisées pour la pornographie, comme c’est le cas avec Internet.
« Que vous soyez une nonne ou un tueur en série, nous sommes tous passionnément intéressé par l’activité sexuelle».  Et « Goltzius et la société Pelican », dans laquelle l’imprimeur et sa compagnie théâtrale représentent des scènes de sexe extraites de la Bible afin de bénéficier du mécénat d’un gentilhomme excentrique (F. Murray Abraham), ne manque certes pas d’activité sexuelle.
Mais juste avant la projection du film, Greenaway a semblé craindre que ses paroles aient pu être trop révolutionnaires pour son auditoire. «Si cela doit vous faire fuir le film, oubliez tout ce que j’ai dit. »
Bien entendu, avant de se rendre au festival de Haïffa, Peter Greenaway a été assailli de demandes pressantes des voyous du BDS, pour le convaincre de renoncer d’y assister. Lettres ouvertes sur les blogs, pages facebook, avalanches de tweets, Peter Greenaway a subi la pression qui est maintenant régulièrement mise en œuvre envers tout artiste devant se rendre en Israël.
Line Tubiana

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