Quand l'Iran profite de la situation en Syrie.

bandeau photo revue de presse

Semaine du 16 au 20 septembre 2013

Régional - copie

Quand l’Iran profite de la situation en Syrie

La presse israélienne s’est intéressée tout au long de la semaine à l’accord américano-russe sur la Syrie et à son impact probable sur le programme nucléaire iranien. Les commentaires voient toujours d’un mauvais œil l’affaiblissement de la force de dissuasion américaine en faveur de la Russie et le positionnement du président russe Poutine, acclamé par le monde comme le héros qui sauve la situation en Syrie d’une probable crise régionale.
Les médias ont également repris les déclarations du Premier ministre israélien Netanyahu qui  a averti la communauté internationale de ne pas se laisser tromper par la politique de communication de Rouhani et par ses paroles modérées qui ne sont en fait qu’un leurre destiné à berner l’Occident pendant que le programme nucléaire iranien continue de progresser en toute impunité.

Au beau milieu d’un champ de mines

par Shalom Yerushalmi – Maariv

Le nouvel accord conclu entre les Etats-Unis et la Russie sur le désarmement des armes chimiques syriennes d’ici 2014 peut être analysé de plusieurs façons différentes. A la différence des partisans d’Obama qui célèbrent l’accord et le considèrent comme une réussite américaine, nous sommes enclins à voir les choses différemment.
La menace du président américain d’attaquer la Syrie, après le massacre chimique du 21 août, n’a pas été mise à exécution. Obama prétend que c’est cette menace qui a permis qu’un accord soit conclu. Mais il semblerait que la menace qui ait été la plus efficace soit celle du président syrien Assad, qui avait promis d’embraser le Moyen-Orient si quiconque les attaquait, assurant un pouvoir de dissuasion sur les Américains, les Français, les Britanniques et tous les autres qui ne souhaitaient pas s’enliser dans une nouvelle aventure au Moyen-Orient.
D’après un ancien commandant adjoint du Commando Naval, le colonel réserviste Dudu Schick, l’attaque promise par Obama était, de toutes les façons, problématique et n’aurait sans doute pas été efficace, étant donné que les stocks d’armes chimiques ont été dispersés dans des dizaines de sites secondaires. Ainsi, la Russie et la Syrie continueront à tromper les Américains, les armes chimiques resteront à leur place et l’utilisation des armes continuera à se faire, mais de manière discrète ce qui donnera à l’armée un avantage tactique sur les rebelles.
De plus, Assad dispose désormais d’un permis de tuer. Il jouera celui qui observe l’accord, continuera ses combines avec les Russes, et poursuivra le massacre de son peuple, cette fois avec des armes conventionnelles. Maintenant, il a les mains libres, puisque les Etats-Unis et l’ONU sont à la poursuite des  » stocks  » et semblent fermer les yeux sur tout le reste.
Il n’est pas étonnant que le commandant de l’Armée syrienne libre, le général Salim Idris, ait critiqué l’accord conclu par John Kerry et Sergueï Lavrov. Idris a dit – et à juste titre – qu’avant même de démanteler la Syrie de ses armes chimiques, le monde a une obligation morale envers les Syriens, et ne peut laisser Assad au pouvoir.
Parallèlement, on ne peut s’empêcher de voir les sourires russes. Le président Poutine assoit son nouvel agenda en mettant les Etats-Unis de côté. L’axe russo-sino-irano-syrien ne faiblit pas. Au contraire. La Russie ne renonce pas à son combat pour l’hégémonie de la région qui lui permet de bénéficier de milliards de dollars sur le commerce mondial des armes.
Les dernières mesures prises par Poutine et Lavrov font croire au monde qu’ils ont donné une leçon à Obama, ce qui a renforcé la position du président russe. L’Iran a compris que les États-Unis profèrent des menaces mais ne donnent pas suite et que la Russie ne permettra pas que l’Amérique fasse ce qu’elle veut.
Dans la situation qui s’est créée, Israël devrait prendre une bouffée d’air avant sa confrontation avec l’Iran. Israël se trouve actuellement dans une situation dangereuse, dans un territoire nouveau et inconnu entre les Etats-Unis et la Russie, ou en d’autres termes, au milieu d’un champ de mines.

Aujourd’hui vous commencez à construire vos cabanes, c’est pourquoi je vous ai préparé une petite décoration Caricature de Shlomo Cohen dans Israel Hayom
Aujourd’hui vous commencez à construire vos cabanes, c’est pourquoi je vous ai préparé une petite décorationCaricature de Shlomo Cohen dans Israel Hayom

 

Que dissimule le sourire de Rouhani ?

par Ron Ben-Ishay – Ynet

Le leader spirituel suprême de l’Iran, l’Ayatollah Ali Khamenei a réussi à surprendre le monde et l’opinion publique iranienne en déclarant mardi qu’il était intéressé par des négociations diplomatiques sur le programme nucléaire de son pays. Il s’agit d’un message clair, démontrant l’intention de présenter une nouvelle position lors des négociations avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne (P5+1) et peut-être même dans des négociations parallèles et directes avec Washington.
Le changement parait véritable. Même Khamenei est prêt à faire preuve de flexibilité et dialoguer avec l’Occident. On estime en Israël qu’il y aurait deux raisons principales à ce changement :
– Le lourd impact des sanctions économiques appliquées par l’Occident sur l’économie iranienne, qui influence sérieusement le niveau de vie du peuple iranien et met en danger le régime. L’Iran chercherait donc un apaisement.
–   La prochaine obtention de l’arme nucléaire par l’Iran pourrait permettre au pays de se montrer flexible sur ses objectifs devant la communauté internationale
L’Iran n’a pas encore techniquement franchi la « ligne rouge » présentée par Benjamin Netanyahu à l’AGNU l’année dernière, mais il l’a contournée avec élégance et subtilité. A la place de stocker 250 kg d’uranium enrichi à un stade moyen (20%) – la ligne de Netanyahu, les iraniens ont augmenté la vitesse des centrifugeuses qui permettent l’enrichissement d’uranium à tous les stades souhaités, y compris au stade de 90% avec lequel la bombe nucléaire peut être fabriquée.
Une autre raison, qui pourrait expliquer la nouvelle flexibilité iranienne, est la leçon tirée de la crise des armes chimiques en Syrie. Obama a peut-être, au départ, hésité de la conduite à adopter, mais il a su faire preuve, par la suite, d’une détermination assez ferme concernant l’éventualité d’une attaque, ce qui a convaincu Poutine de trouver une solution. Les iraniens n’ont probablement pas envie, alors qu’ils sont si proches de leur but et qu’ils sont asphyxiés pas les sanctions, de se risquer à éprouver la détermination du Président américain une fois de plus. D’autant plus, qu’il s’agit-là d’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire – un sujet pour lequel il y a consensus au Congrès.
En Israël, on est conscient de la distance séparant l’Iran de la bombe, ce qui crée une tension nerveuse au sein des autorités. Et pourtant, Israël continue d’avoir foi en les négociations et promet de ne pas mettre de bâtons dans les roues de l’administration américaine qui tentera d’obtenir le maximum du processus diplomatique. Jérusalem est au courant des tentatives de rapprochements entre Téhéran et Washington et attend de voir si elles mèneront à des négociations directes et pragmatiques et si cette voie sera plus efficace que celle des discussions avec le P5+1.
Parallèlement, aucun des dirigeants n’a encore déclaré que l’option militaire n’était plus sur la table, ce qui veut dire que tout est encore ouvert, mais pour encore combien de temps ?

Nettoyage chimique Caricature d’Amos Biderman dans le Haaretz
Nettoyage chimiqueCaricature d’Amos Biderman dans le Haaretz

Les leçons de la première bataille syrienne

par Ari Shavit – Haaretz

L’incident des armes chimiques en Syrie est très grave. Des armes de destruction massive ont été utilisées contre une population civile et les États- Unis n’ont su faire face à ce défi. La Russie s’est positionnée comme le pays qui a réussi à sauver le monde de cette situation et, ce faisant, est devenue, une sorte de superpuissance. La crise syrienne a fondamentalement changé le positionnement des Américains et des Russes au Moyen-Orient. Nous ne savons toujours pas ce qui va se passer lors des prochaines batailles, mais les leçons de la première bataille syrienne sont considérables.
Les Etats Unis: Aujourd’hui, il est clair que les Etats- Unis ont perdu leur passion impérialiste. Dans le monde réel, les États- Unis restent le pays le plus fort. Sa puissance économique et militaire est plus importante que celle de toute autre nation. Mais les Etats- Unis souffrent de fatigue et d’épuisement psychologique. Les guerres inutiles en Irak et en Afghanistan ont eu un impact sur l’Amérique tout comme la Première et la Seconde Guerre mondiale en ont eu sur la France et la Grande-Bretagne. Ainsi, la superpuissance américaine n’a plus la volonté nécessaire pour faire usage de sa puissance décisive ni la pondération pour l’utiliser à bon escient. Les Etats- Unis ne sont plus prêts à payer le prix d’être l’empereur du monde. Et sans empereur, il n’y a pas empire. Le siècle américain est en train de se dissiper sous nos yeux.
La Russie : Après la crise syrienne, il est clair que la Russie s’est positionnée en réflexion des États-Unis. Dans le monde réel, sa puissance est encore assez limitée. Sa puissance économique et militaire ne commence même pas à rivaliser avec celle des États- Unis. Mais la Russie a récupéré ce que l’Amérique a perdu : sa passion impérialiste et sa conception expansionniste. La Russie est également entravée par des considérations morales et des obligations démocratiques. Il ne tourne pas le dos à ses alliés. Il n’abandonne pas un seul avant-poste stratégique. La manière de dialoguer despotique et cynique du président russe Vladimir Poutine s’accommode avec le despotisme belliqueux du Moyen-Orient avec qui Washington ne sait pas comment converser. Peu à peu, la Russie remplit l’espace laissé vacant par les Américains en Asie occidentale.
Le Moyen-Orient : La crise syrienne a prouvé une fois de plus que le conflit historique entre le monde arabe et l’Etat juif n’est plus ce qu’elle était autrefois. Face à l’axe radical, se dresse une alliance stratégique étroite entre Israël, l’Égypte, l’Arabie saoudite, la Jordanie et les Emirats Arabes Unis. Les sunnites modérés et les Israéliens ont contemplé avec effroi la façon dont les États -Unis ont agi au cours du mois passé. Ils ont tous deux conclu qu’ils étaient seuls. Totalement seuls. En l’absence d’une mère américaine responsable, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le leader égyptien, général Abdel Fattah al- Sisi et les dirigeants des pays arabes s’appuient les uns sur les autres. Ces orphelins de l’Amérique constituent la nouvelle alliance israélo-arabe qui est en passe de devenir la force la plus importante au Moyen-Orient. Elle pourrait d’ailleurs apporter certains fruits surprenants.
Le président américain Barack Obama: Le slogan de la campagne de 2008 du candidat démocrate était « Yes we can ». Suite à la crise en Syrie, à la fois les acteurs puissants et les acteurs du Moyen-Orient ont conclu exactement le contraire : Non, il ne peut pas. Qu’Obama ait agi correctement ou non ne fait aucune différence. L’impression dans la jungle est qu’il n’y a pas de roi parce que le lion a perdu sa volonté de gouverner. Cette impression pourrait avoir de graves conséquences. Il est indispensable que le président américain prenne enfin la leçon la plus importante de la crise syrienne: l’Amérique doit revenir à la raison et son président doit à nouveau mener la nation vers une position de leadership mondial. Une personne qui agit comme Jimmy Carter finira comme Jimmy Carter. Une personne qui agit comme Franklin D. Roosevelt sera évoqué comme Roosevelt. Barack Obama et la superpuissance qu’il dirige doivent à présent décider qui ils sont et où ils veulent aller.
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