Paris : pour les prières de chabbat, bienvenue à l’église Saint-Léon !

Durant les travaux de leur synagogue, les juifs de la congrégation Adath Shalom pourront se rassembler chaque week-end de juillet dans une salle prêtée par cette paroisse catholique du XVe.

Vendredi prochain, à l’heure de l’office du chabbat, la communauté juive du quartier Dupleix (XVe) se rassemblera… dans une salle paroissiale de l’église catholique Saint-Léon. Il en sera ainsi pour les prières de chabbat du samedi matin, et cela chaque fin de semaine durant tout le mois de juillet.

Pourquoi cette « délocalisation » dans l’église art-déco de la place du Cardinal Amette, à deux rues de la synagogue de la congrégation Adath Shalom ? Parce qu’entre les communautés religieuses de l’arrondissement, les mots « fraternité » et « solidarité » ne sont pas que des notions intellectuelles. Privés de synagogue pendant deux mois pour cause de grands travaux de rénovation, les fidèles d’Adath Shalom seront gracieusement accueillis par ceux de Saint-Léon, dont la paroisse compte plusieurs dépendances et même un théâtre.

« Les juifs sont nos frères aînés », souligne le père Emmanuel Schwab, curé de Saint-Léon, qui n’a pas hésité une demi-seconde à « dépanner » la congrégation, laissant les clés d’une salle assez vaste pour ne pas pas priver de culte les quelque 200 personnes rassemblées en moyenne pour le chabbat. « Adath Shalom est toute proche et c’est la seule communauté juive sur notre territoire paroissial, nos liens sont anciens et forts », rappelle-t-il.

Deux fois par an, Adath Shalom loue d’ailleurs le théâtre de Saint-Léon pour les grandes célébrations de Kippour et Pourim, des fêtes que la synagogue de la rue Georges-Bernard-Shaw ne pourrait accueillir, trop exiguë pour les plus de 400 personnes habituellement réunies.

« Cela fait près de 10 ans que nos communautés tissent des liens devenus une amitié, avec la volonté que cela se traduise très concrètement », salue en écho Rivon Krieger, le rabbin d’Adath Shalom, pour qui ce geste est « bien plus qu’un symbole. Chaque année, nous partageons des événements comme notre fête de la fraternité, des conférences communes, des séminaires, ou autrefois des collectes de sang. Nous nous invitons respectivement à nos cultes ».

Une bonne entente ouvertement soutenue et encouragée par le maire du XVe, Philippe Goujon (LR), sincèrement enthousiasmé par ces démonstrations « d’un travail interreligieux et de rapprochement entre les communautés que nous encourageons toujours ».

Cette bonne entente inclut aussi de plus en plus les protestants du foyer de Grenelle, rue de l’Avre, et la communauté musulmane du XVe, comme l’an dernier avec la mobilisation spontanée de l’église Saint-Christophe : l’église avait ouvert ses portes aux musulmans de la salle de prière de Javel, dévastée par les pluies d’un violent orage. « Ce sont des initiatives de proximité, la traduction concrète des liens tissés entre nos religions », s’enthousiasme le rabbin Rivon Krieger. « C’est la fraternité qui peut consolider notre société », confirme le père Schwab, curé à Paris depuis 30 ans, dont 4 dans cette paroisse de 28 000 habitants.

Source leparisien

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4 Comments

  1. Oui, bon d’accord mais ce n’est quand même pas le miracle du XXIe siècle! L’église catholique n’est pas devenue progressiste quand fut abandonnée la soutane et la messe en latin…l’émerveillement candide a ses limites!!!!!

    • C’est de l’amitié, c’est de la fraternité …ça réconforte ces chrétiens qui ont fini par comprendre que les juifs leur ont ouvert le chemin et les croyances des uns et des autres ne pèsent pas lourd devant l’essentiel : l’amour du prochain.

  2. L’Eglise catholique était restée trop longtemps attachée à son pouvoir temporel et ne pouvait tolérer tout ce qui menaçait l’unité des chrétiens. Malgré l’affection pour le peuple Juif du passé (nombreux écrits de Bossuet, par exemple) et la proclamation que les chrétiens étaient le nouveau peuple Juif, la continuité du lien divin fut compromise. Cette continuité est maintenant établie avec force. Il ne s’agit pas de repentir ou de réconfort mais d’obéissance à Dieu.
    L’enseignement étant clairement raffermi, pour la vie ordinaire, la politique de la main tendue ne doit pas devenir une politique de la main mordue.

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