“Je suis interdite”, d’Anouk Markovits,
constitue à coup sûr un très bon roman.
J’ai aimé la vigueur de l’écriture, l’originalité de l’intrigue, le sens de la narration, la capacité évocatoire du style, “Je suis interdite”, a été nominé dans la première sélection 2013 du prix Fémina étranger.
Après un premier roman écrit en Français et publié chez Gallimard, « Pur Coton », en 1989, Anouk Markovits a émigré à New-York pour éviter un mariage arrangé et aller jusqu’aux doctorat dans les plus prestigieuses universités de la cote Est. Elle a choisi JC Lattès pour la traduction de son récit « Je suis interdite ».
L’intrigue met en scène une communauté hassidique à travers l’histoire d’une famille originaire de Transylvanie, les Stern. Cette histoire repose sur des faits en partie autobiographiques, Anouk Markovits est issue de cette communauté, dont elle s’est ensuite séparée, il est tentant après cela de voir une proximité avec le personnage d’ Atara. Son écriture puissante reste prudente, et très respectueuse de ces origines. Elle ne pointe pas du doigt, elle raconte.
J’ai vraiment aimé ce roman, qui déroule sous nos yeux la vie de quatre générations d’une même famille qui a souffert durant la seconde guerre mondiale. Mais c’est surtout l’histoire de Mila et d’Atara, lors de leur adolescence, puis de Mila et Josef, après leur mariage arrange, ainsi que de leurs propres enfants et petits-enfants que nous suivons.
Joseph et Mila vont vivre une magnifique histoire d’amour. Le bonheur de Mila sera de courte durée, les années passent et aucun enfant ne vient. La date fatidique des 10 ans s’approche et son mari aura le droit de la quitter. Porte-t-elle la malédiction de la stérilité ? A moins que ce ne soit Joseph ? Mila trouve la solution dans la Torah, elle aura un enfant coûte que coûte et la descendance sera assurée. Joseph devra accepter pour le bien de la communauté, quitte à sacrifier son honneur d’homme. La transgression de Mila au code qui la voulait épouse fidèle, aura raison de son couple
L’auteure décrit ainsi la pression exercée sur la femme qui ne peut concevoir, fait émerger dans le couple l’idée d’enfreindre la Loi juive pour avoir un enfant…
Ce que l’auteur concocte pour le couple Mila-Josef est aussi surprenant que triste.
L’écriture est fine et délicate et Anouk Markovits craint les amalgames, chacun de ses mots est soupesé.
Un roman poignant dans cette lutte entre la foi et les sentiments
Je suis interdite, Anouk Markovits, chez JC Lattès, traduit de l’anglais par Katia Wallesky, avec le concours de l’auteure.
Sylvie BENSAID
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